Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

L’Algérie n’existait pas ? Quand la France falsifie son propre passé.

 

Derrière la formule-choc, une manipulation historique. Bien avant 1830, des royaumes numides à la Régence d’Alger, le territoire algérien avait déjà des institutions, une diplomatie et une identité politique. Ni invention française, ni simple prolongement ottoman : l’Algérie a une profondeur historique que les polémiques politiques occultent.  Quand l’histoire devient un champ de bataille idéologique, les faits doivent rappeler leur droit. Pourquoi alors entretenir le mythe d’une « création française 

 Une polémique récurrente : « L’Algérie n’existait pas avant la colonisation française » : la phrase, prononcée ou insinuée par divers responsables et polémistes, revient avec une régularité qui en dit long sur l’état du débat franco-algérien. Loin d’être un simple rappel académique, cette affirmation condense à elle seule un ensemble de contradictions : elle nie une histoire plurimillénaire, elle entretient un récit colonial édulcoré, et elle instrumentalise la mémoire à des fins politiques.

Derrière ces mots, ce n’est pas seulement l’Algérie qui est visée, mais aussi la capacité de nos sociétés à regarder leur passé en face. Or, le déni, qu’il soit français ou algérien, n’apporte rien : il enferme deux nations dans un face-à-face stérile, nourri de malentendus, d’amertume et de manipulations.

Cet essai propose de revisiter la question : qu’y avait-il avant 1830 ? Que révèle le retour obsessionnel de ce débat ? Et comment l’instrumentalisation mémorielle paralyse aujourd’hui toute relation sereine entre les deux rives de la Méditerranée ?

L’Algérie avant 1830 : une réalité historique : Contrairement à ce que laisse entendre la formule choc, l’Algérie n’est pas née de la conquête française. Le territoire a connu plusieurs formes d’organisation politique, attestées par des sources numismatiques, diplomatiques et institutionnelles.

  • L’époque numide (IIIᵉ – Iᵉ siècle av. J.-C.) : Sous Massinissa et Jugurtha, les royaumes numides constituent de véritables États. Ils frappent leur propre monnaie, mènent des guerres reconnues par Rome, et signent des traités d’alliance. La monnaie à l’effigie des souverains est une preuve irréfutable d’un pouvoir souverain.
  • La Régence d’Alger (XVIᵉ – XIXᵉ siècles) : Sous tutelle ottomane mais largement autonome, la Régence disposait de sa propre administration, de sa flotte, et surtout d’une diplomatie active. En 1795, elle signe un traité avec les États-Unis, puissance naissante. Elle entretient des relations avec la France et la Grande-Bretagne. Sa monnaie (le Mazouna) circule dans la région.

Ces éléments attestent que l’Algérie, bien avant 1830, possédait les caractéristiques d’une entité politique souveraine. Certes, la forme moderne de l’État-nation n’existait pas encore — mais c’était aussi le cas de la France avant la Révolution.

La colonisation : rupture et dépossession : La conquête française ne crée pas l’Algérie, elle la brise. Alors que la Régence aurait pu, à l’instar d’autres provinces ottomanes, évoluer vers une autonomie accrue, le processus est stoppé net.

  • Les élites locales sont expropriées ou contraintes à l’exil.
  • Les grandes terres agricoles, souvent détenues par des tribus berbères, sont confisquées et redistribuées aux colons.
  • Ces colons, souvent d’origine modeste — Espagnols, Italiens, parfois repris de justice —, bénéficient d’un système qui les hisse au-dessus de la population indigène.

La colonisation française ne se contente pas de dominer : elle déstructure. Elle remplace un système politique par un autre, importé et imposé, au prix de 132 ans de domination, de révoltes étouffées dans le sang, et d’une mémoire durablement traumatisée.

Le double déni : la France et l’Algérie face à leur mémoire : Si la polémique revient si souvent, c’est qu’elle arrange les deux pays.

  • En France, le récit officiel minimise la brutalité coloniale. Les massacres, les pillages et les spoliations sont souvent passés sous silence au profit d’un mythe républicain qui aurait « apporté l’école et les routes ». Parler d’une Algérie « créée » par la France permet de transformer une entreprise de domination en geste de générosité.
  • En Algérie, le pouvoir instrumentalise le traumatisme colonial pour étouffer toute critique interne. Le nationalisme rigide se nourrit d’un récit où la France incarne le mal absolu, ce qui évite de poser des questions gênantes sur la gouvernance actuelle, la corruption ou l’autoritarisme.

Ce double déni enferme les deux nations dans une relation toxique : la France refuse d’assumer son passé, l’Algérie refuse de dépasser le sien.

Quand les dirigeants confondent histoire et politique : Le problème est aggravé par l’attitude des responsables politiques français. Comment accorder du crédit à un président qui multiplie maladresses et contradictions ? L’affaire Pegasus, où son téléphone est espionné par le Maroc, n’a donné lieu à aucune réaction diplomatique à la hauteur. Ses approximations sur l’Europe — se proclamant « président de l’Europe » au lieu du Conseil européen — témoignent d’une méconnaissance inquiétante.

Dans ce contexte, ses déclarations sur l’Algérie ne relèvent pas de la recherche historique, mais d’un calcul électoral : flatter une partie de l’opinion en exploitant les blessures coloniales. C’est une instrumentalisation de plus, qui ne fait qu’aggraver les tensions.

Le rôle délétère des médias et du populisme : Les médias participent à cette mécanique. L’Algérie est un sujet commode : il fait vendre. Les titres racoleurs attirent l’audience, les commentaires haineux génèrent des clics, et l’algorithme récompense la polémique.

Résultat : les voix modérées disparaissent, les discours extrêmes dominent. Les Algériens et les musulmans servent de miroir grossissant aux obsessions françaises. La haine devient un produit médiatique, une matière première exploitable.

Mais cette logique détourne aussi l’attention. Pendant que les plateaux télé s’écharpent sur « l’Algérie qui n’existait pas », les vrais problèmes — pouvoir d’achat, hôpital public, climat social — passent au second plan. La polémique coloniale devient un écran de fumée.

Une question universelle : qu’est-ce qu’une nation ?

La formule sur l’Algérie soulève une question plus vaste : qu’est-ce qu’une nation, et quand commence-t-elle ?

Appliquée à la France, la même logique montre ses limites. Avant la Révolution, existait-il une « nation française » ? Les habitants se définissaient par leur paroisse ou leur région, parlaient des langues diverses, refusaient parfois de mourir pour la patrie. L’identité nationale s’est construite progressivement, dans le conflit, parfois dans le sang.

Pourquoi ce qui vaut pour la France ne s’appliquerait-il pas à l’Algérie ?

Pour une histoire apaisée : La vérité est simple : l’Algérie existait avant la colonisation. Elle n’était pas une nation au sens moderne, mais elle était une entité politique organisée, comme la plupart des pays avant le XIXᵉ siècle.

Nier cette réalité n’a rien d’innocent : c’est un geste politique, un acte de mépris qui alimente la xénophobie. Les comparaisons avec d’autres entreprises de déshumanisation (nazisme, occupations coloniales) rappellent que réduire un peuple à l’insignifiance est toujours dangereux.

La solution n’est pas de substituer un récit à un autre, mais de rendre la parole aux historiens. L’histoire doit se construire sur des preuves, non sur des slogans.

Conclusion : sortir du piège mémoriel : Tant que la France continuera à minimiser la colonisation et tant que l’Algérie s’abritera derrière son traumatisme, les deux nations resteront prisonnières de leur passé. La polémique autour de « l’Algérie inventée » n’est pas un débat d’historiens : c’est une arme politique, un miroir des angoisses et des manipulations.

Il est temps de changer de registre. Plutôt que d’utiliser l’histoire pour diviser, il faut l’accepter dans toute sa complexité, avec ses zones d’ombre et ses contradictions. Ce n’est qu’à cette condition que pourra s’ouvrir un dialogue sincère, où la mémoire ne serait plus un champ de bataille, mais un espace partagé de vérité.

Car au fond, en niant l’histoire de l’Algérie, c’est aussi l’histoire de la France que l’on falsifie.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/


Abou Ubaidah : l’éternité d’un combat, la victoire d’une âme

 

Deux ans après, la voix d’Abou Ubaidah continue de résonner comme un appel à la dignité et à la résistance. Symbole de courage et de fidélité à la patrie, il incarne la chaîne ininterrompue des martyrs et des combattants palestiniens. Qu’il poursuive son combat ou qu’il s’élève vers son Seigneur, son héritage demeure immortel : une flamme qui traverse les générations, enracinée dans la terre bénie de Palestine et tournée vers la promesse du Paradis

Deux années se sont écoulées, et le nom d’Abou Ubaidah demeure vivant, porté par l’écho de sa détermination. Sa marche a traversé le pays, éveillant les consciences, appelant au sursaut et rappelant à chacun la noblesse du combat. Aujourd’hui, la nation entière le cherche et le suit. Pour certains, il est un motif de fierté : il a relevé son peuple, ravivé en lui la flamme de la résistance et réaffirmé son honneur. Pour d’autres, il est une ombre dérangeante : ils espèrent son silence, car sa voix dévoile leur échec et leur faiblesse.

Israël a voulu frapper l’âme d’une communauté d’un milliard d’hommes et de femmes, et pensait la réduire à la résignation. Mais lorsque l’âme demeure vivante, le corps retrouve sens et la bataille retrouve sa valeur. Si l’assassinat suffisait à éteindre la résistance, elle se serait éteinte depuis près d’un siècle, avec le martyre d’Izz ad-Din al-Qassam.

En Palestine, la chaîne ne se brise pas. Chaque leader appelle d’autres leaders, chaque combattant en fait naître dix, et la mémoire d’un martyr engendre mille résistants. Comme l’olivier dont les rameaux repoussent sans fin, la résistance s’enracine dans cette terre bénie, nourrie par la foi et la détermination.

Quant à Abou Ubaidah, qu’il poursuive son combat ou qu’il rejoigne le rang des martyrs, son destin est déjà scellé : il est victorieux. Vivant, il continue la lutte ; tombé, il atteint l’éternité. Dans les deux cas, il demeure parmi nous, immortel dans les cœurs, élevé par l’amour de la patrie et d’Al-Aqsa, et guidé vers la satisfaction de Dieu et la promesse du Paradis.


Voici l'intégralité du discours d'Abu Obeida, traduit en français (18/07/2025) :

"Ô notre peuple patient, enraciné et croyant dans la grande Gaza, Ô fils de notre peuple partout dans le monde, Ô masses de notre nation islamique et arabe, Et à tous les Hommes libres de ce monde : Que la paix, la miséricorde et les bénédictions de Dieu soient sur vous. Quatre mois se sont écoulés depuis que l'ennemi sioniste a repris son agression barbare et nazie contre notre peuple dans la bande de Gaza, trahissant ses engagements et rompant l'accord conclu avec la résistance en janvier de cette année. Après avoir menti aux médiateurs et au monde, il est revenu, en quête d'une victoire illusoire, poursuivant son sadisme contre les civils et les enfants, et exerçant le passe-temps de ses gangs : la destruction méthodique des quartiers, des villes et des rassemblements civils. Cette guerre brutale, qui dure depuis 21 mois, est le récit de la fermeté des montagnes que sont nos combattants, de la patience des prophètes que manifeste notre peuple généreux et digne, et de la honte des oppresseurs usurpateurs, sans oublier l'abandon honteux de certains frères de sang, d'arabité et d'islam, sauf ceux que Dieu a épargnés parmi les sincères, les combattants et les peuples opprimés. L'ennemi a baptisé ces derniers mois son opération du nom de « Chariots de Gédéon », tentant d'habiller son affrontement raciste et nazi d'un vernis pseudo-biblique. Mais nous lui avons opposé, par la grâce de Dieu, une série d'opérations baptisées « Pierres de David », en s'inspirant du soutien divin apporté à David face à Goliath l'oppresseur

. Et Dieu a ouvert la voie à nos combattants, a guidé leurs tirs et a été avec eux à chaque frappe, car : « Ce n'est pas toi qui as tiré, mais c'est Dieu qui a tiré. » Nos combattants, côte à côte avec leurs frères des autres factions, et en particulier nos frères des Brigades Al-Quds, mènent un combat inégal avec une foi inébranlable, une volonté ferme, une force incroyable, et ont infligé des centaines de morts et de blessés dans les rangs de l'ennemi, sans compter les milliers souffrant de troubles psychologiques et de stress post-traumatique. Le nombre de suicides dans les rangs ennemis ne cesse d'augmenter, tant la résistance qu'ils affrontent est féroce et enveloppée du soutien divin. Nos combattants surprennent l'ennemi avec de nouvelles tactiques et approches, tirant les leçons de la guerre la plus longue de notre histoire. Ils mènent des opérations héroïques sans précédent : Des attaques ciblées contre les blindés, des combats rapprochés, des tirs de snipers, des explosions de bâtiments, de tunnels, des embuscades complexes et des assauts sur les forces ennemies.

Le monde entier a vu nos héros grimper sur les véhicules blindés de l'ennemi à Khan Younès, atteindre les soldats sionistes à bout portant, neutraliser un criminel responsable de la démolition de maisons civiles, et saisir ses armes. Ces dernières semaines, nos combattants ont tenté plusieurs enlèvements de soldats, dont certains ont failli réussir, n'eût été la volonté divine, puis les exécutions collectives opérées par l'ennemi (dans le cadre de la procédure Hannibal) dès qu'il soupçonnait une tentative de capture. Les opérations de nos combattants se sont étendues du nord et de l'est de Beit Hanoun et Jabalia, en passant par Tuffah, Shujaiya et Zeitoun, jusqu'à Khan Younès et Rafah, faisant de la résistance de Gaza la plus grande école militaire de résistance d'un peuple sous occupation dans l'histoire contemporaine.

Ô notre peuple, ô notre nation, Nous, dans les Brigades Ezzedine Al-Qassam, après vingt-et-un mois de la bataille Déluge d'Al-Aqsa et de la guerre sioniste nazie contre notre peuple, affirmons ce qui suit:

Premièrement :

Nos combattants et frères de la résistance sont pleinement prêts à poursuivre une guerre d'usure longue contre l'occupant, quelle que soit la forme de son agression. Nos combattants ont juré fidélité, fermeté et intensification des coups jusqu'à la fin de l'agression ou le martyre. Notre combat est un principe, un droit incontestable, un devoir religieux et national sacré. Nous n'avons d'autre choix que de combattre avec force, résolution et une foi indomptable. Nous combattrons avec les pierres de la terre, avec ce que nous avons, avec des Hommes qui accomplissent des miracles avec peu d'armes, par la grâce de Dieu. La stratégie actuelle de la direction des Brigades Al-Qassam est de causer un maximum de pertes dans les rangs ennemis, par des opérations à bout portant, et d'œuvrer à la capture de soldats sionistes.

Si le gouvernement terroriste de l'ennemi choisit de poursuivre sa guerre d'extermination, il choisit en même temps de continuer à accueillir les cercueils de ses soldats et officiers. Leurs chars ne les sauveront pas, et ils ne seront pas protégés des feux de la mort forgés par des mains croyantes et lancés par la main de Dieu : « Ils pensaient que leurs forteresses les mettraient à l'abri de Dieu, mais Dieu les a atteints d'où ils ne s'y attendaient pas, et a jeté l'effroi dans leurs cœurs. »

Deuxièmement :

Bien que nous soyons fiers de la fermeté et des exploits de nos combattants, nous sommes pleinement conscients de l'ampleur de la douleur et de la souffrance vécues par notre peuple meurtri et nos familles patientes, dont nous partageons les souffrances jour après jour. Et le fait que nous accomplissions notre devoir, que notre Seigneur nous a confié dans la défense et le combat contre cet ennemi, ne dispense pas la nation des deux milliards [de musulmans] de son devoir, qu'elle a malheureusement négligé.

Notre ennemi est soutenu par les puissances les plus injustes au monde, qui lui fournissent un flux ininterrompu d'armes et de munitions, tandis que les forces de notre nation regardent passivement leurs frères sur la terre du front se faire massacrer par dizaines de milliers, affamés, privés d'eau et de médicaments.

Et nous disons à l'Histoire, avec toute l'amertume et la douleur, et devant tous les enfants de notre nation : Ô dirigeants, élites, partis, savants de la nation islamique et arabe : Vous êtes nos adversaires devant Dieu. Vous êtes les adversaires de chaque enfant orphelin, de chaque femme endeuillée, de chaque déplacé, exilé, blessé ou affamé. Vous avez le sang de dizaines de milliers d'innocents sur les mains, trahis par votre silence. Et cet ennemi criminel et nazi n'aurait pu commettre ce génocide en votre présence sans être assuré de votre impunité, de votre silence, et d'avoir acheté votre abandon. Nous ne disculpons personne de la responsabilité de ce sang qui coule. Et nous n'exemptons personne qui a la capacité d'agir, chacun selon ses moyens et son influence.

Par Dieu, nous voyons l'humiliation, le mépris de l'ennemi pour notre nation, sa transgression et sa tyrannie, et nos cœurs saignent de douleur car nous connaissons la lâcheté, la faiblesse et l'humiliation de cet ennemi, ainsi que sa vraie nature. Et nous savons, avant tout, cette vérité divine : « Vous leur inspirez plus de crainte que Dieu lui-même. » S'il avait été confronté à la fierté de l'islam et à la noblesse arabe, il aurait été défait. Mais c'est la décadence... « Dieu nous suffit, Il est le meilleur garant. » Une nation aussi grande, aussi noble, aussi glorieuse n'est-elle pas capable de faire parvenir nourriture, eau et médicaments à ceux qui meurent de faim et sont assiégés à Gaza ? N'est-elle pas capable d'arrêter le torrent de sang qui coule et qui vise à terroriser notre Oumma et à la briser pour établir un empire sioniste sur les terres de l'arabité et de l'islam, avec pour capitale votre première Qibla et le lieu d'ascension de votre Prophète ou peut-être sur ses ruines ? Que les yeux des lâches ne connaissent pas le sommeil. En face, nous saluons avec fierté notre peuple bien-aimé et béni du Yémen de la foi et de la sagesse, ses forces armées et nos frères sincères d'Ansar Allah, qui ont stupéfié le monde par leur fermeté et leur position constante envers la Palestine, Gaza, son peuple et ses combattants.

Ils ont imposé à l'ennemi un nouveau front actif, preuve irréfutable contre ceux qui se taisent parmi les grands régimes, partis et forces arabes et islamiques, dont certains ne sont plus que des façades de l'oppression et des calmants pour les peuples et leur jeunesse libre. Leur crédibilité et leurs grands slogans sont désormais mis à l'épreuve face à leur abandon et leur incapacité à soutenir la cause la plus pure et la plus sacrée des Arabes et des musulmans. Quant aux Hommes libres du monde, nous les remercions pour leurs initiatives de solidarité, leurs tentatives de briser le blocus et de soulager l'injustice faite à notre peuple, malgré les risques, l'abandon, et les tentatives de diffamation menées par les hypocrites de la nation, qui se sentent visés par chaque cri. Nous appelons à renforcer ces initiatives, à les poursuivre, et à exposer l'ennemi par tous les moyens, dans tous les domaines.

Troisièmement :

Nous soutenons avec force la position de la délégation de négociation de la résistance palestinienne dans les négociations indirectes avec l'ennemi. Et nous avons proposé à plusieurs reprises, au cours des derniers mois, de conclure un accord global dans lequel nous remettrions tous les captifs ennemis d'un seul coup. Mais le criminel de guerre Netanyahu et ses ministres issus du mouvement nazi ont refusé cette offre. Il est apparu pour nous qu'ils ne s'intéressaient pas aux prisonniers, puisqu'il s'agit de soldats, et que leur dossier n'est pas une priorité pour eux. Ils ont préparé l'opinion publique à accepter l'idée de leur mort collective.

Quant à nous, nous nous sommes engagés à les garder vivants autant que possible jusqu'à maintenant, tout en suivant de près ce qui se passe dans les négociations. Nous espérons qu'elles aboutiront à un accord garantissant l'arrêt de la guerre contre notre peuple, le retrait des forces d'occupation, et la fourniture d'aide à nos familles. Mais si l'ennemi persiste dans son entêtement et se dérobe à ce cycle de négociation, comme il l'a fait à chaque fois, alors nous ne garantissons pas de revenir à la formule des échanges partiels, ni à la proposition des dix prisonniers.

Quatrièmement :

Parmi les signes de l'échec sioniste dans l'affrontement avec la résistance et dans sa tentative de briser notre peuple, il y a son recours à des solutions viles, qui constituent des crimes de guerre, des punitions collectives, un génocide et un nettoyage ethnique, soutenus malheureusement de manière évidente par l'administration américaine. Il rivalise d'ingéniosité pour torturer les innocents, déclare publiquement son intention de déporter les gens, se vante de sa destruction méthodique comme s'il s'agissait d'un exploit militaire, et présente au monde des plans pour établir des camps de détention nazis sous des appellations humanitaires fictives et mensongères.

Cet ennemi veut reproduire des expériences survenues il y a plusieurs décennies et les projeter sur ses adversaires, avec une cruauté et un sadisme qui feraient paraître le nazisme modéré. Ceci appelle au refus de l'ensemble du monde de ces camps. Sinon, le mensonge de l'antisémitisme, dont nos ennemis se nourrissent depuis des décennies, deviendra une mascarade et une honte. Ce n'est pas la faute de notre peuple s'il doit payer le prix des complexes psychologiques du sionisme criminel. Les sionistes doivent savoir que la haine naturelle que les nations leur portent ne vient pas de leur origine, mais de leurs actes et de leurs crimes contre l'humanité.

Cinquièmement :

Les tentatives de recruter des mercenaires et des agents de l'occupation sous des noms arabes sont le signe de l'échec, et une recette certaine de la défaite. Ces agents ne seront que des cartes brûlées, balayées par la conscience de notre peuple, sa dignité, et son rejet de la trahison. Ce que l'ennemi dépense sur eux ne lui vaudra que regret, ruine, et perte manifeste, à lui et à ses collaborateurs, par la permission de Dieu. Nous appelons ces agents à se repentir immédiatement et à revenir dans les bras de leur peuple avant qu'il ne soit trop tard, quand le regret ne sera plus d'aucune utilité. Sinon, leur fin sera tragique, et une leçon pour chaque traître et lâche. Nous n'oublions pas d'exprimer notre immense reconnaissance et notre fierté envers les familles et les tribus honorables de notre peuple, qui se sont dissociés de cette poignée d'agents isolés, qui ne représentent qu'eux-mêmes. Enfin, à toi, ô peuple patient et résilient, Ô source de révolution, Ô forgeron d'Hommes, Vous qui, chaque jour, accompagnez une caravane lumineuse de martyrs,

Ô frères de Moïse, l'interlocuteur de Dieu, que les pires ennemis de Dieu ont persécuté, et qui ne répondit que par : « Non ! Mon Seigneur est avec moi, Il me guidera. » Ô descendants de Joseph, trahi par ses frères et jeté au fond du puits, puis à qui la victoire et la puissance furent données, Ô bien-aimés de Muhammad , qui fut assiégé dans la vallée, poursuivi dans la grotte, acculé à Uhud, et secouru par son Seigneur : « Dieu te suffira contre eux. » Ô frères de la famille de Yassir, lorsqu'ils furent torturés dans le sentier de Dieu, et il leur fut annoncé : « Patience, ô famille de Yassir, votre rendez-vous est le Paradis. »

Votre fermeté malgré l'abandon, votre patience, votre sacrifice, votre défi à l'oppression et à la privation, c'est cela même qui exaspère vos ennemis. Et cette nuit connaîtra une fin, sans aucun doute. La victoire vient avec la patience. Le soulagement avec la détresse. Et avec la difficulté vient la facilité. Nous embrassons la tête de chacun de nos fils patients, enracinés, victorieux, par la permission de Dieu. Nous leur adressons le plus grand des saluts. Et nous leur annonçons la bonne nouvelle de notre Seigneur, Gloire à Lui : « À Dieu appartient le commandement avant et après. Et ce jour-là, les croyants se réjouiront de la victoire de Dieu. Il donne la victoire à qui Il veut, et Il est le Tout-Puissant, le Très Miséricordieux. » C'est la promesse de Dieu. Dieu ne manque jamais à Sa promesse. Mais la plupart des gens ne savent pas. C'est un combat : victoire ou martyre. Et que la paix, la miséricorde et les bénédictions de Dieu soient sur vous."

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 


Occupation, famine, destruction : le cri de Gaza

 

Sous les bombes et le blocus, l’anéantissement et la punition collective un peuple réclame justice, dignité et reconnaissance

Dans un entretien récent accordé au podcast du quotidien israélien Haaretz,   ancien ministre israélien, a dressé un constat sévère de la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza. Selon lui, ce conflit a commencé comme une guerre de légitime défense après les attaques du Hamas, mais il a rapidement dérivé vers ce qu’il qualifie de « vengeance cruelle et impitoyable ».

L’intervention de cet ancien responsable, figure respectée et longtemps artisan de la solution à deux États, mérite attention. Mais elle présente également de profondes limites. Car si l’ancien ministre met le doigt sur la spirale de violence dans laquelle Israël s’est engagé, il passe sous silence la dimension la plus dramatique : la guerre ne se limite pas à des représailles militaires. Elle prend aujourd’hui les contours d’un génocide.

La lecture réaliste et désabusée ; Cet ancien ministre n’est pas un idéologue. Son analyse s’inscrit dans une perspective réaliste et stratégique. Il rappelle que la solution à deux États, qu’il a défendu une grande partie de sa carrière, est désormais une « cause perdue ». Les appels récents d’Emmanuel Macron ou d’autres dirigeants occidentaux en faveur de cette formule lui semblent relever du « désespoir », faute d’alternative diplomatique crédible.

Il ajoute qu’une « victoire totale » sur le Hamas est illusoire. Même si Israël parvient à infliger de lourdes pertes militaires, le Hamas sortira renforcer symboliquement et politiquement : il aura replacé la question palestinienne au centre des débats internationaux, perturbé la normalisation israélo-saoudienne et montré à la nation palestinienne qu’une résistance était possible.

En somme, selon cet ancien ministre, Israël ne peut pas gagner cette guerre comme il l’entend, car le Hamas a déjà imposé son récit dans la mémoire collective palestinienne.

Les angles morts de son discours : Aussi pertinente soit-elle, l’analyse de l’ancien ministre présente des lacunes graves. L’ancien ministre se concentre sur les aspects militaires et diplomatiques, mais il néglige les dimensions humanitaires et juridiques.

La famine organisée qui touche Gaza, l’entrave systématique à l’acheminement de l’aide humanitaire, la destruction des infrastructures civiles essentielles : tous ces éléments définissent un tableau qui va bien au-delà d’une « vengeance ».

Aryeh Neier, ancien directeur de Human Rights Watch, écrivait en 2024 dans la New York Review of Books que si l’offensive militaire israélienne ne constituait pas, en elle-même, un génocide, le blocus de l’aide humanitaire, lui, entrait pleinement dans cette définition. Cet ancien ministre ne se confronte pas à cette réalité : il ne parle que des combats, comme si la guerre ne se jouait que sur le terrain militaire, alors qu’elle se joue aussi – et surtout – sur le terrain de la survie quotidienne d’une population assiégée.

Le cœur du débat : le droit de se défendre et le droit de résister ; La réflexion de cet ancien ministre invite à poser une question essentielle en droit international : peut-on nier à un pays, à un groupe ou à un individu, le droit de se défendre ?

La réponse est évidemment non ?

Le droit à l’autodéfense est reconnu par la Charte des Nations Unies et constitue un principe fondamental de la souveraineté des États.

Mais il existe une seconde vérité, tout aussi incontournable : les peuples sous occupation ont eux aussi un droit à la résistance. Ce principe, reconnu par le droit international humanitaire et rappelé dans diverses résolutions onusiennes, fonde la légitimité des luttes anticoloniales et des mouvements de libération nationale au XXᵉ siècle.

Limiter la question au seul droit d’Israël à se défendre, sans reconnaître celui des Palestiniens à résister à une occupation militaire prolongée et à des décennies de dépossession, revient à instaurer une asymétrie insoutenable. C’est cette asymétrie qui nourrit l’impasse actuelle.

Des solutions politiques en panne ; Face à l’échec de la solution à deux États, certains proposent des scénarios radicaux : rattacher Gaza à l’Égypte, la Cisjordanie à la Jordanie, et ainsi préserver Israël comme État à majorité juive. Mais ces propositions ne sont que des palliatifs. Elles déplacent le problème sans le résoudre. Elles ignorent surtout la réalité fondamentale : aucun peuple ne disparaît par décret géopolitique.

De plus, elles révèlent les contradictions internes à Israël lui-même. L’obsession démographique pour préserver une majorité juive cache mal les fractures internes – notamment la discrimination des Juifs séfarades par les élites ashkénazes – qui resurgiraient même si la « distraction palestinienne » venait à disparaître. La paix ne peut pas être construite sur l’exclusion, ni sur la négation des identités.

Plus qu’une vengeance : un génocide en cours : Qualifier la guerre en cours de « vengeance cruelle et impitoyable » est insuffisant. Ce qui se déroule à Gaza dépasse le registre de la riposte militaire. La destruction massive d’habitations, l’effondrement des services de santé, la privation organisée de nourriture et d’eau potable, l’obstruction à l’aide humanitaire : tout cela correspond aux critères juridiques du génocide tels que définis par la Convention de 1948.

Reconnaître cette réalité ne revient pas à nier le droit d’Israël à exister ou à se défendre. Cela revient à constater que ce droit est exercé aujourd’hui de manière disproportionnée, au prix de la survie même d’un peuple. Il s’agit d’une ligne rouge que le droit international impose de ne pas franchir.

Conclusion : sortir de l’impasse : L’ancien ministre a raison de dire que cette guerre est une impasse pour Israël. Mais il se trompe en pensant que le problème se limite à une « vengeance ». La réalité est plus sombre : c’est un génocide en cours, dont la communauté internationale ne peut se contenter d’être le témoin impuissant.

La lecture de l’ancien ministre éclaire une partie du drame : la guerre de Gaza, au lieu de renforcer Israël, a renforcé le Hamas et affaibli les perspectives de paix. Mais son analyse reste incomplète. En évitant d’aborder la famine, le blocus et la dimension génocidaire du conflit, il minimise la gravité de la catastrophe humanitaire en cours.

La communauté internationale ne peut se contenter de recycler de vieilles solutions comme celle des deux États, sans feuille de route crédible. Elle doit reconnaître la nature du désastre, affronter la question de la responsabilité et poser les bases d’une paix qui prenne en compte, enfin, les droits et la dignité du peuple palestinien.

Le débat central reste celui-ci : le droit de se défendre doit-il primer sur le droit des peuples à résister à l’occupation ? Ou bien le droit international doit-il reconnaître que ces deux droits coexistent, et que seule leur articulation peut ouvrir la voie à une paix juste ?

Répondre à cette question n’est pas seulement une nécessité pour les Palestiniens ou pour Israël : c’est une obligation pour l’ensemble de la communauté internationale, si elle veut rester fidèle aux principes qu’elle proclame depuis 1945.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

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Après 700 jours de guerre, Israël : un État criminel et une société complice Israël, l’État criminel et le silence complice »


Après 700 jours de guerre, il ne sert plus à rien de tourner autour du pot : Israël s’est enfoncé dans la criminalité d’État, et sa société, dans son immense majorité, s’est rendue complice par son silence, son vote ou son indifférence. Les bombes pleuvent sur Gaza avec une intensité qui rivalise avec les pires massacres du XXᵉ siècle. Les images d’enfants décharnés par la faim, de familles pulvérisées par les frappes, devraient suffire à réveiller n’importe quelle conscience. Mais en Israël, la majorité ferme les yeux et préfère répéter les mantras éculés de la « sécurité » et de « l’autodéfense ».

Ce n’est pas seulement Netanyahou, Ben-Gvir ou Smotrich qui portent le sang sur les mains. C’est un peuple qui, élection après élection, a donné mandat à ces hommes de poursuivre le rêve démentiel d’un Grand Israël purgé de ses Palestiniens. La société israélienne s’est habituée à vivre dans le déni, à justifier l’injustifiable, à diaboliser les victimes de son expansionnisme colonial. Le confort matériel et l’illusion d’une forteresse assiégée valent, semble-t-il, plus que la justice ou l’humanité.

On nous parle de divisions internes, de manifestations massives, de fractures sociales. Mais la vérité, brutale, est que même ces mouvements de protestation restent centrés sur les otages, sur la réputation d’Israël, sur son avenir interne. Les Palestiniens, eux, sont réduits au silence, effacés des slogans, absents des revendications. Leur humanité reste niée, comme si leur souffrance n’avait pas de valeur intrinsèque.

C’est là le cœur du problème : l’effacement systématique du peuple palestinien. On peut changer de Premier ministre, remplacer Netanyahou par Bennett, Lieberman ou un autre gestionnaire de l’occupation, mais tant que l’opinion israélienne ne reconnaîtra pas aux Palestiniens le droit fondamental d’exister en tant qu’êtres humains libres et égaux, rien ne changera. Le carnage continuera, sous d’autres formes, avec d’autres justifications.

Oui, Israël est devenu un État criminel. Oui, sa société est majoritairement complice. Et tant que cette vérité ne sera pas dite sans détour, nous continuerons à tourner en rond dans le cercle vicieux de l’impunité. La seule voie d’avenir passe par la reconnaissance pleine et entière des droits palestiniens, et par une rupture radicale avec le projet colonial qui étouffe la région depuis plus de 75 ans. Sans cela, il n’y aura ni paix, ni sécurité, ni avenir pour quiconque entre le fleuve et la mer.

Israël, État criminel – et un peuple complice

Assez d’euphémismes. Assez de détours. Après deux ans de guerre totale contre Gaza, il faut dire les choses crûment : Israël est aujourd’hui un État criminel, et sa société, dans sa majorité, en est complice.

Ce n’est pas seulement Netanyahou, ce n’est pas seulement Ben-Gvir ou Smotrich, ces visages grotesques du fascisme israélien. C’est un système entier, une idéologie de domination, un projet colonial nourri par le mythe de l’éternelle victimisation. C’est un peuple qui, scrutin après scrutin, a choisi l’occupation, la colonisation et l’écrasement de l’autre.

À Gaza, c’est l’apocalypse : des quartiers rayés de la carte, des hôpitaux transformés en cimetières, des enfants mourant de faim sous les caméras du monde entier. Et que fait Israël ? Il applaudit ses pilotes. Il relativise ses crimes. Il ose appeler « défense » ce qui n’est rien d’autre qu’un massacre méthodique.

On nous parle de « divisions internes », de manifestations massives. Hypocrisie. Ces foules ne descendent pas dans la rue pour la liberté des Palestiniens, mais pour sauver l’image d’Israël, pour rapatrier les otages, pour protéger leur propre avenir. Les Palestiniens, eux, sont invisibles, effacés, réduits à des ombres. Même la contestation israélienne ne parvient pas à les voir comme des êtres humains.

Voilà la vérité : Israël ne veut pas la paix. Israël ne veut pas d’égalité. Israël veut la terre, toute la terre, sans ses habitants. C’est un projet de nettoyage, une machine coloniale huilée, qui se dissimule derrière le mot « sécurité » comme on cache un couteau derrière un sourire.

La société israélienne ne pourra pas se dérober à sa responsabilité. Elle a nourri ce monstre, elle l’a réélu, elle a fermé les yeux. Elle a choisi la supériorité, l’apartheid et la négation de l’autre. Oui, Netanyahou est coupable. Mais ce n’est pas un accident. C’est le reflet d’un peuple qui a fait de l’occupation et de la force brute son horizon politique.

Le monde n’a plus d’excuse. Il faut dire stop à cette impunité. Sanctions, isolement, procès. Israël doit répondre de ses crimes, et son peuple doit être confronté à ce qu’il a laissé commettre en son nom.

Il n’y aura pas de futur sans reconnaissance des droits palestiniens. Il n’y aura pas de paix tant qu’on continuera à effacer leur humanité. Et il n’y aura pas de sécurité pour Israël tant qu’il persistera dans ce rôle d’État criminel.

C’est cela, la vérité nue. Tout le reste n’est que mensonge.

Pourquoi les Israéliens ne se lèvent-ils pas ?

Jour après jour, les bombes israéliennes s’abattent sur Gaza, transformant une terre exsangue en cimetière. Soixante-neuf morts hier. Trois autres, morts de faim, aujourd’hui. Et demain ? Combien encore ? L’horreur s’accumule, monotone, insoutenable – et pourtant, Israël continue.

Alors la question se pose, brûlante : pourquoi les Israéliens ne se lèvent-ils pas ? Pourquoi ne chassent-ils pas, par une action massive et irrépressible, Netanyahou et ses complices fanatiques, Smotrich et Ben-Gvir, ces fossoyeurs de toute dignité humaine ?

Il est commode de tout mettre sur le dos de Netanyahou. Mais la vérité, c’est que sa responsabilité est aussi celle de son peuple. Car que vaut une opposition qui se soulève à coups de centaines de milliers de manifestants, mais qui ne crie jamais le nom des Palestiniens ? Que valent ces foules qui descendent dans les rues non pas pour dire stop au massacre, mais pour réclamer le retour des otages et sauver l’image d’Israël ?

La vérité est brutale : même la contestation israélienne est centrée sur elle-même. Les morts palestiniens n’existent pas. Les enfants décharnés, les hôpitaux détruits, les familles enterrées sous les gravats – invisibles, effacés. Comme si l’humanité s’arrêtait aux frontières de la souffrance israélienne.

Et demain ? Supposons que Netanyahou tombe. Croyez-vous qu’un Bennett, qu’un Lieberman, qu’un autre gestionnaire cynique de l’occupation interrompra ce projet de colonisation et de nettoyage ? Non. Il suffira de quelques roquettes, de quelques tirs, pour que les extrémistes reprennent le flambeau du massacre, toujours au nom de la sécurité. Car dans l’imaginaire israélien dominant, la force brute est devenue une doctrine, une religion.

Oui, Netanyahou est coupable. Mais le peuple israélien, dans sa majorité, est complice. Par son vote. Par son silence. Par son incapacité à reconnaître l’existence et les droits d’un autre peuple. Voilà la tragédie : Israël ne se bat pas seulement contre le Hamas. Il se bat contre l’idée même que les Palestiniens sont des êtres humains.

Et tant que cette vérité n’explosera pas à la face du monde, tant que la société israélienne ne se regardera pas dans son miroir, il n’y aura pas de fin au massacre. Ni avec Netanyahou, ni sans lui.

700 jours de guerre : le projet criminel de Netanyahou mis à nu

Sept cents jours de massacres. Sept cents jours de bombes déversées sur une bande de terre de 40 kilomètres par 8. Sept cents jours qui ne sont pas un accident de l’histoire, mais l’accomplissement méthodique d’un projet : celui de Benjamin Netanyahou.

Cet homme n’a jamais caché son ambition : enterrer toute idée d’un État palestinien, réaliser son rêve fiévreux d’un Grand Israël. Le nettoyage ethnique n’est pas une dérive de sa politique, il en est le cœur. Gaza est devenu le laboratoire de cette obsession.

L’attaque du Hamas du 7 octobre n’a pas été seulement une tragédie, elle a été, pour Netanyahou, l’occasion rêvée de mettre en marche son plan. Adossé au silence complice de Biden et au soutien aveugle de Trump, il a transformé la vengeance en stratégie. Et maintenant, ivre de pouvoir et couvert d’impunité, il poursuit son œuvre criminelle.

Mais que fait la société israélienne ? Elle a voté pour lui, encore et encore. Elle a donné mandat à ce gouvernement fanatique. Et aujourd’hui, elle continue, pour une large part, à fermer les yeux, à se bercer d’illusions, à croire que bombarder des civils affamés est synonyme de victoire. Quelle victoire, au juste ? Celle d’une armée qui, armée jusqu’aux dents, s’acharne contre des enfants, contre des hôpitaux, contre un peuple piégé ? Bande de ratés, oui.

Il n’y a pas d’issue militaire. La seule solution, c’est un cessez-le-feu immédiat, total, irréversible. Mais cela ne viendra pas de Netanyahou. Cela ne viendra pas de cette coalition messianique. Cela ne viendra pas d’un État devenu criminel.

Alors, que reste-t-il ?

  1. L’UE doit enfin cesser ses hypocrisies et frapper Israël de sanctions sévères.
  2. Les soldats israéliens doivent refuser de servir un pouvoir criminel et mettre à l’arrêt la machine de guerre.
  3. Les dirigeants israéliens doivent se préparer à répondre de leurs crimes devant les tribunaux internationaux.

Car le monde a vu. Le monde s’est réveillé. Et le monde n’oubliera pas ces images d’enfants mourant de faim, de familles massacrées, de villes rasées.

Israël peut continuer à invoquer ses « démons » sécuritaires. Mais, comme le disait Goethe : « Les esprits que j’ai invoqués, je ne peux plus m’en débarrasser. »

Israël : quand les crimes deviennent système

On nous a longtemps répété le même refrain : « Ce que la violence n’a pas résolu, davantage de violence le résoudra. » Et Israël, fidèle à cette logique mortifère, s’enfonce jour après jour dans la spirale des crimes de guerre. Gaza en est la preuve vivante – ou plutôt, la preuve agonisante.

Netanyahou, Ben Gvir, Smotrich : ces noms doivent entrer dans l’Histoire comme ceux de criminels de guerre. Ils dirigent un gouvernement qui a institutionnalisé le meurtre de masse, la famine organisée, le déplacement forcé. Et pourtant, ils continuent de parler de « sécurité », de « défense », comme si l’extermination d’un peuple pouvait être rhabillée de légitimité.

Ce n’est pas seulement un drame politique, c’est une dérive civilisationnelle. Le sionisme, dans sa version triomphante et coloniale, a remplacé le judaïsme. Une terre a pris la place de Dieu. Un État humain, avec ses chars et ses F-35, s’est arrogé la toute-puissance. Mais aucun avion de chasse, aucune bombe, aucun lobby à Washington ne pourra effacer une vérité simple : Dieu n’a pas besoin de complices humains pour imposer sa loi. Et Hachem rappellera aux arrogants ce qu’ils ont fait en Son nom.

Ce qui se joue aujourd’hui est obscène. Les otages ? Les familles d’otages ? Netanyahou les traite de fascistes. Les opposants ? Des traîtres. Et pendant ce temps, les Palestiniens – ceux qui ne sont ni Hamas, ni combattants – meurent en silence. Femmes, enfants, vieillards, affamés, amputés, déplacés encore et encore. Même les soldats israéliens brisés, amputés, suicidés, sont jetés dans l’oubli, sacrifiés sur l’autel d’une idéologie qui se nourrit du sang de tous, amis comme ennemis.

Et que lit-on encore dans les grands journaux ? Des débats interminables sur l’avenir d’Israël, sur son image ternie, sur les risques pour son économie. Mais pas un mot, ou si peu, sur les horreurs palestiniennes. Pas un mot sur les milliers d’enfants tués, sur les hôpitaux anéantis, sur la faim organisée comme arme de guerre. Voilà comment nous en sommes arrivés ici : en effaçant systématiquement le peuple palestinien de l’équation, en le privant même du droit élémentaire d’être reconnu comme humain.

Israël n’est pas seulement coupable de crimes de guerre. Il est coupable d’un crime plus profond encore : avoir nié l’existence même d’un peuple. Et tant que cette vérité ne sera pas dite haut et fort, tant que les Palestiniens resteront invisibles aux yeux du monde, la machine de mort continuera de tourner.

Israël face à sa propre responsabilité

La société israélienne est aujourd’hui fracturée, minée par l’occupation. Elle s’est divisée au point de perdre toute cohésion, et cela seul devrait suffire à exiger la démission immédiate de Netanyahou. Car c’est lui, plus que quiconque, qui a orchestré cette politique de haine, qui a offert une tribune aux Smotrich et aux Ben-Gvir, ces pyromanes qui, sous couvert de patriotisme, nourrissent l’antisémitisme et détruisent toute prétention morale du sionisme.

Mais soyons clairs : ce n’est pas seulement Netanyahou. C’est une société entière qui, dans sa majorité, continue à se taire. Comment expliquer que, malgré 69 morts supplémentaires en une seule journée à Gaza, malgré trois êtres humains de plus morts de faim, malgré l’hécatombe de vingt mille enfants, il n’y ait pas eu de soulèvement populaire massif, irrépressible, pour dire assez ?

Oui, il y a eu des manifestations. Oui, il y a eu près d’un million de personnes dans la rue. Mais pourquoi ? Pour sauver l’image d’Israël. Pour ramener les otages. Pour préserver l’avenir d’un État devenu criminel. Jamais, ou si rarement, pour reconnaître la souffrance palestinienne comme centrale, comme égale en dignité à la souffrance israélienne.

Voilà la tragédie : les Gazaouis n’existent pas aux yeux de la majorité israélienne. Ils ne sont qu’une ombre, un bruit de fond, une abstraction. Et tant que les Israéliens continueront à fermer les yeux sur ce peuple, tant qu’ils répéteront que seules leurs propres souffrances comptent, ils resteront complices du massacre.

Netanyahou est coupable, oui. Mais sa responsabilité est aussi celle des citoyens israéliens qui l’ont porté au pouvoir, qui l’ont toléré, qui l’ont laissé transformer Gaza en charnier. La vérité est insoutenable, mais il faut la dire : la majorité du peuple israélien n’a pas voulu arrêter cette guerre. Et tant que cette complicité ne sera pas reconnue, tant que les Palestiniens ne seront pas vus comme des êtres humains à part entière, il n’y aura pas de fin au carnage.

Israël, État criminel – et un peuple complice

Assez d’euphémismes. Assez de détours. Après deux ans de guerre totale contre Gaza, il faut dire les choses crûment : Israël est aujourd’hui un État criminel, et sa société, dans sa majorité, en est complice.

Ce n’est pas seulement Netanyahou, ce n’est pas seulement Ben-Gvir ou Smotrich, ces visages grotesques du fascisme israélien. C’est un système entier, une idéologie de domination, un projet colonial nourri par le mythe de l’éternelle victimisation. C’est un peuple qui, scrutin après scrutin, a choisi l’occupation, la colonisation et l’écrasement de l’autre.

À Gaza, c’est l’apocalypse : des quartiers rayés de la carte, des hôpitaux transformés en cimetières, des enfants mourant de faim sous les caméras du monde entier. Et que fait Israël ? Il applaudit ses pilotes. Il relativise ses crimes. Il ose appeler « défense » ce qui n’est rien d’autre qu’un massacre méthodique.

On nous parle de « divisions internes », de manifestations massives. Hypocrisie. Ces foules ne descendent pas dans la rue pour la liberté des Palestiniens, mais pour sauver l’image d’Israël, pour rapatrier les otages, pour protéger leur propre avenir. Les Palestiniens, eux, sont invisibles, effacés, réduits à des ombres. Même la contestation israélienne ne parvient pas à les voir comme des êtres humains.

Voilà la vérité : Israël ne veut pas la paix. Israël ne veut pas d’égalité. Israël veut la terre, toute la terre, sans ses habitants. C’est un projet de nettoyage, une machine coloniale huilée, qui se dissimule derrière le mot « sécurité » comme on cache un couteau derrière un sourire.

La société israélienne ne pourra pas se dérober à sa responsabilité. Elle a nourri ce monstre, elle l’a réélu, elle a fermé les yeux. Elle a choisi la supériorité, l’apartheid et la négation de l’autre. Oui, Netanyahou est coupable. Mais ce n’est pas un accident. C’est le reflet d’un peuple qui a fait de l’occupation et de la force brute son horizon politique.

Le monde n’a plus d’excuse. Il faut dire stop à cette impunité. Sanctions, isolement, procès. Israël doit répondre de ses crimes, et son peuple doit être confronté à ce qu’il a laissé commettre en son nom.

Il n’y aura pas de futur sans reconnaissance des droits palestiniens. Il n’y aura pas de paix tant qu’on continuera à effacer leur humanité. Et il n’y aura pas de sécurité pour Israël tant qu’il persistera dans ce rôle d’État criminel.

C’est cela, la vérité nue. Tout le reste n’est que mensonge.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

Les cagoules noires de l’armée israélienne ne peuvent pas masquer ses crimes de guerre à Gaza

 

Israël se couvre le visage : Par honte, peut-être, ou par culpabilité, ou par peur, et sans doute pour les trois raisons à la fois. La nouvelle tendance consiste pour les officiers interrogés à la télévision à cacher leur visage sous des cagoules noires. L’armée du peuple est devenue l’armée des cagoules.

Le lieutenant-colonel T., commandant de bataillon dans la réserve, affirme que le taux de mobilisation des réservistes est «impressionnant» ; le commandant en second du bataillon de réserve, le major S., déclare : «J’ai laissé une épouse courageuse seule à la maison avec trois enfants qui ont retrouvé leur routine et une entreprise mise en pause. Néanmoins, nous comprenons que nous sommes en mission importante».

Tous deux apparaissent cagoulés de noir. Ils ressemblent à deux braqueurs de banque prêts pour un coup ; seuls leurs yeux sont visibles. Les cagoules fournies par l’armée ont remplacé le bas nylon classique des cambrioleurs. Il y a sans doute quelqu’un, et quelque chose, à dissimuler.

Les premiers, comme toujours, furent les pilotes de l’armée de l’air. Dans chaque interview, ils portaient le casque impressionnant ainsi que des lunettes noires, de peur d’être reconnus. Au départ, la crainte était que si un pilote s’éjectait en pleine nuit, ses ravisseurs ne l’identifient grâce à une apparition télévisée. Grâce au casque et aux lunettes, il pourrait prétendre n’être qu’un simple sergent de bureau, ou être opposé aux primes militaires. Mais avec l’augmentation des crimes commis par les pilotes à Gaza, le déguisement a pris une fonction supplémentaire cruciale : éviter que nos «héros» soient identifiés à La Haye, où l’on sait très bien ce que font ces pilotes.

Les gardes du corps du Premier ministre et de quelques ministres se sont récemment joints à cette mascarade de mystère, de dissimulation et d’auto-magnification. Ils portent des masques chirurgicaux noirs, ajoutant une dimension supplémentaire à un spectacle déjà grotesque : celui de dizaines de gardes du corps se pressant avec agressivité autour d’un seul individu, avec un sérieux solennel. Désormais, ce ne sont plus seulement les protégés, mais aussi les gardes eux-mêmes qui deviennent des cibles sensibles. Ajoutez les gardes masqués aux sirènes hurlantes et aux cortèges interminables, et nous avons une république bananière certifiée. Les masques chirurgicaux noirs en sont la cerise sur le gâteau. Si, auparavant, ces gardes semblaient être nos meilleurs éléments, affublés de noir ils ressemblent eux aussi à des hommes de main de la mafia. Peut-être est-ce le but recherché.

Mais les nouvelles cagoules militaires et les accoutrements des gardes du corps ne sont pas seulement une caricature d’importance déplacée ; ils reflètent aussi une réalité plus large. Au moins certains officiers de réserve qui entrent cette semaine dans Gaza le font en sachant qu’ils sont censés commettre d’horribles crimes de guerre. Et pourtant, ils se présentent au service. La cagoule est censée leur faciliter la tâche. Elle dit qu’ils ont quelque chose à cacher et quelque chose à craindre.

Le braqueur armé qui part pour son plus gros coup sait que ce qu’il fait est illégal, immoral et dangereux ; c’est pourquoi il enfile un bas nylon. Il en va de même pour les officiers pénétrant dans la bande de Gaza. Peut-être que quelques-uns éprouvent de la honte pour leurs actes. C’est très douteux – les braqueurs, eux non plus, n’ont pas honte : la plupart ont juste peur d’être attrapés. La peur de La Haye s’est abattue sur l’armée, et à juste titre.

Non pas que cette crainte soit pleinement fondée. Les rouages de la justice à La Haye tournent avec une lenteur insupportable. Le temps qu’ils déterminent si un génocide est en cours à Gaza, il n’y aura plus personne là-bas. Et Benjamin Netanyahou ne sera pas extradé, malgré le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. Pourtant, le simple fait que les officiers portent des cagoules suggère qu’il existe, au sein de l’armée, une compréhension implicite que quelque chose ne va pas et qu’il faut se montrer prudent. Non pas prudent dans leurs actes, mais prudent afin de ne pas être pris à cause de ces actes.

Une armée qui affuble ses officiers de cagoules noires est une armée qui sait qu’elle commet des crimes, même si elle ne l’admet pas. Finalement, même ceux qui regardent ces officiers déguisés finiront par le reconnaître.

Source : Gideon Levy /Haaretz via Tlaxcala