Jean G., un automobiliste de 35 ans résidant sur l’île charentaise, a
volontairement foncé pendant 35 minutes sur les passants, hier. Deux de ses
victimes sont en urgence absolue. Il a mis le feu à sa Honda Civic avant son
interpellation, dans laquelle une bonbonne de gaz aurait été présente. Et il
aurait évoqué en garde à vue sa conversion récente à l’islam.
Cette triste affaire conforte l’idée que le cri de ralliement de
tous les tarés, dépassées, dégénérés, décérébrés, haineux est : « Islam
» Voilà qui a le mérite d’être clair, Oui, toujours sidéré de ceux qui
se prétendent extrémiste, leur argumentation principale , c’est l’Islam !
Ce qui s'est produit à Oléron est une tragédie. Rien ni personne ne doit en
minimiser la gravité. Mais la manière dont certains médias et acteurs
politiques se sont empressés de s'en emparer ne relève pas de l'information :
elle relève de la propagande. Avant même que les faits ne soient établis, avant
même que l'enquête n'éclaire les causes — psychiques, sociales, personnelles —
de l'acte commis, un récit était déjà prêt. Ce récit, toujours le même,
attribue immédiatement la violence à une appartenance religieuse supposée, et
transforme un individu en étendard d'une haine collective fantasmée.
Cette
mécanique n'a rien d'innocent. Elle n'analyse pas : elle accuse. Elle ne
cherche pas à comprendre : elle désigne des ennemis. Elle ne vise pas à protéger
la société : elle l'abîme en l'opposant à elle-même. Derrière la prétendue
"lucidité" de ceux qui prétendent enfin "dire les choses",
il y a en réalité une intention politique claire : installer l'idée que des
millions de citoyens seraient suspects par nature, qu'ils devraient se
justifier, s'excuser, se distinguer en permanence de crimes qu'ils n'ont pas
commis et ne cautionnent pas.
C'est cela,
la véritable manipulation. Faire croire qu'un fait isolé révèle une essence.
Faire croire qu'une religion se résume à ses défigurations. Faire croire que la
barbarie parle au nom de tous ceux qui prient. Et surtout, faire croire que le
danger est partout, que la peur est la seule boussole, que la cohésion sociale
n'est plus possible.
Ce qui
menace aujourd'hui cette société, ce ne sont pas seulement les actes violents :
ce sont les discours qui prétendent les expliquer en réduisant la complexité du
monde à des oppositions grossières. Ce sont les récits qui, sous couvert de
lucidité, fracturent encore davantage le lien fragile qui nous unit. L'extrême
droite ne cherche pas à comprendre ce qui produit la violence : elle cherche à
l'exploiter.
Il y a un
choix. Soit céder à ceux qui profitent de chaque drame pour élargir le champ de
la haine. Soit tenir, fermement, une ligne de raison, de droit, de justice. Non
pas pour nier la violence, mais pour la combattre en refusant la désignation de
boucs émissaires. Non pas pour atténuer la responsabilité individuelle, mais
pour empêcher qu'elle ne devienne un prétexte à la stigmatisation collective.
Face au
choc, la tentation de la simplification est grande. Mais la simplification est
le terreau de la division, et la division est le carburant de ceux qui rêvent
d'une société brisée. Ce n’est pas l’islam qui menace, c’est l’usage que
certains font de la peur.
A/Kader
Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. » https://kadertahri.blogspot.com/
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