Cinq cents
billets publiés, autant de traces d’un parcours fait d’engagements, de doutes,
de lectures et de convictions. Ce n’est pas une célébration, mais une pause :
l’occasion de revenir sur ma démarche, mes principes et cette liberté
singulière que m’offre l’écriture.
Depuis mes
débuts, j’ai voulu faire de cet espace un lieu d’échange et d’analyse où les
questions politiques et sociales puissent être abordées autrement — non pas
dans le bruit médiatique, mais sous l’angle de leur traitement, de leur mise
en récit, de ce qu’elles disent de notre époque.
Ce billet
n’est pas un retour narcissique. C’est une halte pour préciser d’où j’écris,
pourquoi j’écris, et comment cette pratique s’est imposée, au fil
des années, comme une forme de résistance intellectuelle et morale.
Un cap symbolique : cinq cents
billets et un même fil conducteur
Voici donc
le 500ᵉ billet publié sur ce blog. Un chiffre, bien sûr, mais aussi une étape
qui invite à la réflexion. Depuis mes débuts, j’ai voulu faire de cet espace un
lieu d’échange et d’analyse, où les questions politiques et sociales puissent
être abordées autrement — non pas à travers le bruit médiatique, mais sous
l’angle de leur traitement, de leur mise en récit et de ce
qu’elles révèlent du monde dans lequel nous vivons.
Ce billet
n’est pas un bilan, encore moins un exercice d’autosatisfaction. C’est une
halte, un moment pour dire d’où je parle, pourquoi j’écris, et comment cette
pratique, au fil des ans, s’est imposée comme une forme de résistance
intellectuelle et morale.
Une écriture née de l’expérience
et du militantisme
Mon écriture
est profondément liée à mon parcours.
Enseignant et militant politique et social pendant près de vingt ans, j’ai
longtemps vécu les réalités que je commente aujourd’hui. Les thèmes qui
traversent mes textes — justice sociale, précarité, liberté, citoyenneté — ne
sont pas des objets d’étude abstraits, mais des terrains d’expérience.
Je ne
regrette pas ce passé. Je n’ai plus l’illusion d’être un réformiste, mais je
reste un compagnon de route, animé par ce devoir de parole que je m’impose à
moi-même. Écrire, pour moi, c’est participer, modestement, à la circulation
d’un savoir, d’une vigilance, d’une mémoire collective.
Écrire, c’est militer
autrement
Je milite à
ma manière. Il y a sans doute, dans le geste d’écrire publiquement, une part de
narcissisme — celle de croire qu’un texte puisse toucher, éveiller ou
convaincre, fût-ce un petit nombre de lecteurs. Mais il y a surtout la
conviction que la parole peut être utile : qu’elle éclaire, qu’elle nuance,
qu’elle relie.
Je vois dans
l’écriture moins un devoir qu’un savoir à partager : un ensemble
d’expériences, de connaissances et de convictions qui peuvent servir à
d’autres.
Je m’efforce de respecter quelques principes simples : ne jamais insulter
mes adversaires, ne jamais juger les personnes sur leur nom ou leur
apparence. Ce n’est pas une posture morale, mais une exigence de décence et
d’honnêteté.
Écrire ici
m’offre une liberté rare : celle de ne rendre de comptes à personne. Cette
autonomie, je la considère comme un privilège, mais aussi comme une
responsabilité
Commentaires, débats et
illusions perdues
Les espaces
numériques ne sont pas toujours des lieux de sérénité.
Je lis souvent les commentaires avec intérêt, parfois avec amusement, parfois
avec lassitude. Certains prolongent utilement la réflexion : ils corrigent,
précisent, débattent. D’autres, hélas, ne font qu’exprimer la colère, le
ressentiment ou le besoin d’avoir raison. C’est la loi du genre.
Mais à
travers tout cela, un lectorat s’est formé. Des lecteurs fidèles, attentifs,
curieux, qui apprécient une approche des faits souvent absente du paysage médiatique
actuel.
C’est à eux que je pense lorsque j’écris, non pour leur plaire, mais pour
dialoguer avec cette part du public qui refuse le prêt-à-penser.
Au fil du
temps, j’ai chroniqué des sujets variés : la guerre de Gaza, l’immigration
en France, les tensions régionales avec le Maroc, et d’autres
encore. Des thèmes lourds, complexes, qui exigent rigueur, recul et honnêteté.
Une écriture entre journalisme
et engagement
Je
revendique une écriture à la fois journalistique et militante.
Journalistique, parce qu’elle repose sur la vérification, la documentation, la
précision.
Militante, parce qu’elle assume un point de vue, une orientation, une fidélité
aux réalités vécues.
Beaucoup de
lecteurs, même en désaccord, ont reconnu cette exigence. Peut-être parce qu’ils
sentent que, pour moi, l’objectivité n’est pas la neutralité : elle
n’exclut pas la prise de position, elle en est parfois la condition. Rappeler
un fait, le contextualiser, le confronter à d’autres, c’est déjà militer pour
une information juste.
Et puis, il
faut bien poser la question :
Qui est le
plus militant ? Celui qui rappelle les faits, ou celui qui choisit de les
passer sous silence ?
Le silence,
lui aussi, est une forme de parti pris. Il nourrit la désinformation, il
affaiblit le débat, il empêche la réflexion.
Ma position : chroniqueur
militant, non journaliste
Je ne me
revendique ni militant au sens traditionnel, ni chroniqueur neutre. J’essaie
d’être un chroniqueur militant — un observateur engagé, qui documente,
analyse, puis prend position, sans jamais céder à l’invective.
Lorsque
j’écris sur la précarité, sur les injustices ou sur les crises sociales, je ne
dénonce qu’après avoir travaillé sur des faits vérifiables : chiffres, textes
de loi, témoignages. Je ne prétends pas être journaliste, car je ne mène pas
d’enquêtes contradictoires. Mais je cherche à m’approcher de la vérité, avec
les moyens d’un citoyen qui s’informe, lit, questionne et observe.
Sur le
terrain, il m’arrive que des interlocuteurs me prennent pour un journaliste.
J’en suis flatté, sans pour autant le revendiquer. Je corrige chaque fois cette
confusion, par respect pour la profession, mais aussi par fidélité à ma propre
position : celle d’un auteur libre, qui n’appartient à aucune rédaction,
mais partage avec elle une même exigence de sérieux et de cohérence.
Ce que cinq cents billets
m’ont appris
Cinq cents
billets, c’est beaucoup d’heures d’écriture, d’écoute, de débats et
d’incertitudes.
C’est aussi la preuve que, malgré le bruit et la fatigue du monde, il reste des
lecteurs pour qui les mots comptent, pour qui penser encore a du sens.
Je mesure,
avec le recul, ce que cette pratique m’a apporté : une discipline
intellectuelle, une distance critique, une fidélité à certaines valeurs —
respect, rigueur, empathie.
Ce 500ᵉ
billet n’est donc pas un point final, mais une étape.
J’aimerais que les suivants prolongent cette exigence : écrire non pour
convaincre à tout prix, mais pour comprendre et faire comprendre.
Car la liberté d’écrire n’a de valeur que si elle sert à éclairer — un peu — ce
qui, trop souvent, reste dans l’ombre.
A/Kader Tahri
/ Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. » https://kadertahri.blogspot.com/

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