Depuis plusieurs années, un phénomène troublant
s’observe dans le débat public occidental : les discours islamophobes
progressent souvent dans les mêmes cercles où le soutien à la politique
israélienne est le plus fort. Sans tomber dans les amalgames ni les théories du
complot, il est nécessaire de s’interroger sur la façon dont certaines
stratégies de communication pro-israéliennes exploitent — volontairement ou non
— les peurs et les préjugés envers les musulmans.
La peur, un levier plus efficace que la sympathie
Convaincre
les opinions occidentales d’aimer Israël n’a jamais été chose aisée. Les
violations répétées du droit international, les bombardements à Gaza ou la
colonisation en Cisjordanie provoquent une indignation croissante, notamment
chez les progressistes et les jeunes.
Dans ce contexte, certains communicants préfèrent déplacer le terrain du débat
: plutôt que de présenter Israël comme un État exemplaire, ils le positionnent
comme un rempart contre un ennemi commun — « l’islam radical », voire «
l’islam » tout court.
Des études
en communication politique (voir par ex. Edward Said, Covering Islam,
1997 ; Nader Hashemi, Islam, Secularism and Liberal Democracy, 2009)
ont montré comment la peur de l’Autre devient un instrument efficace pour
rallier des opinions, surtout en période d’incertitude. L’islamophobie devient
alors non seulement une question de racisme, mais aussi un outil
géopolitique.
Quand le discours sécuritaire se confond avec le
soutien à Israël
On retrouve
régulièrement sur les réseaux sociaux, dans les think tanks ou certains médias
d’influence, des narratifs associant toute critique d’Israël à une menace «
islamiste » ou à un supposé antisémitisme.
Parallèlement, des campagnes en ligne relayées par des comptes pro-israéliens
mettent en avant la peur de la démographie musulmane en Europe ou la « menace »
des réfugiés.
Des chercheurs en communication numérique (Oxford Internet Institute, 2021 ;
Media Matters, 2023) ont documenté ces convergences entre réseaux
islamophobes et soutiens pro-israéliens, particulièrement lors des guerres
contre Gaza.
Il s’agit ici
de dire qu’Israël ou « les sionistes » orchestrent une stratégie
mondiale de haine avec certaines coalitions politiques, notamment à
droite, qui utilisent ce recadrage idéologique — « Israël contre l’islam
» — pour renforcer un axe politique commun : défense de l’Occident, rejet des
minorités musulmanes, et légitimation d’une politique étrangère militarisée au
Moyen-Orient.
Une alliance paradoxale entre extrême droite et
sionisme politique
Ce
phénomène, déjà analysé par plusieurs sociologues (ex. Sara Farris, In
the Name of Women's Rights: The Rise of Femonationalism, 2017), montre
comment l’islamophobie sert de pont entre des groupes a priori antagonistes :
les partisans de l’État d’Israël et les mouvements nationalistes européens qui,
par ailleurs, entretiennent souvent des préjugés antisémites.
Tous trouvent un terrain d’entente dans la rhétorique du « choc des
civilisations », où Israël incarnerait la pointe avancée de l’Occident
assiégé.
Cette
convergence politique n’est pas marginale : elle influence les discours
publics, les alliances diplomatiques et les choix médiatiques. Et elle nourrit
une polarisation croissante où les musulmans deviennent les boucs émissaires
d’un conflit qui les dépasse.
Une partie
significative des discours islamophobes observés en Occident ne naît pas
spontanément : elle s’alimente aussi de récits politiques diffusés par certains
milieux pro-israéliens et par ceux qui s’en inspirent. Sans généraliser ni
pointer un groupe unique, il faut reconnaître que la convergence entre certains
réseaux de soutien à Israël et les mouvances islamophobes occidentales
contribue à normaliser la peur du musulman dans l’espace public.
On le voit, par exemple, dans les campagnes numériques qui exagèrent la «
menace démographique » musulmane en Europe, relayées parfois par des comptes
liés à des institutions ou à des militants israéliens influents. Ce discours,
qui oppose mécaniquement Israël et l’« islam », sert des intérêts politiques
précis : détourner l’attention des violations du droit international et
maintenir l’adhésion d’une partie de l’opinion occidentale par la peur plutôt
que par la conviction.
Sortir du piège de la haine réciproque
Reconnaître
cette instrumentalisation ne signifie pas nier les menaces réelles que
représentent certains mouvements extrémistes se réclamant de l’islam, ni
contester le droit à la sécurité d’Israël.
Mais utiliser la peur de l’islam pour justifier des politiques répressives
ou guerrières revient à aggraver l’instabilité qu’on prétend combattre.
Lutter
contre l’islamophobie — qu’elle soit d’extrême droite, médiatique ou
géopolitique —, c’est refuser que le débat sur Israël-Palestine soit capturé
par la logique de la peur.
C’est aussi défendre une vision cohérente des droits humains, qui ne
hiérarchise pas les victimes selon leur religion ou leur nationalité.
Conclusion
Dans un
monde saturé de désinformation, la tentation de la simplification identitaire
est grande. Pourtant, il est possible de critiquer les politiques israéliennes
sans verser dans l’antisémitisme, et de dénoncer l’islamophobie sans minimiser
les enjeux de sécurité.
Le défi,
pour les sociétés occidentales, est de sortir d’un imaginaire politique fondé
sur la peur. Tant que la défense d’Israël s’appuiera sur la diabolisation des
musulmans — et tant que la solidarité avec la Palestine sera caricaturée comme
un danger —, nous resterons prisonniers d’un débat où la haine remplace la
raison.
L'islamophobie
observée en Occident provient en grande partie des partisans d'Israël et de
ceux qui ont été influencés par leur propagande. Une petite minorité est issue
de l'extrême droite qui déteste à la fois les musulmans et les juifs, mais la
majorité est le fruit du soutien occidental à Israël et de son bellicisme au
Moyen-Orient, auquel Israël participe régulièrement.
C'est
pourquoi on voit des comptes israéliens de premier plan sur les réseaux
sociaux semer
la peur au sujet de la croissance de la population musulmane en
Europe, par exemple. On pourrait croire qu'Israël ne s'inquiéterait pas de la
présence de nombreux musulmans en Belgique, par exemple, mais il est dans
l'intérêt politique d'Israël d'entretenir la crainte et le mépris des
Occidentaux envers les membres de la foi musulmane.
Nous
le constatons de plus en plus, car Israël s'aliène de plus en plus les
centristes et les progressistes occidentaux, s'appuyant de plus en plus sur le
soutien de la droite occidentale. Alors que le discours selon lequel une
minorité religieuse pauvre et persécutée a besoin d'une patrie propre perd de
son attrait auprès de son public cible, il est de plus en plus remplacé par
celui selon lequel ces musulmans méritent d'être tués, ouais !
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. C'est une tumeur maligne sur la chair de l’espèce humaine.
A/Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. » https://kadertahri.blogspot.com/

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