Sous couvert de défendre la République et la
laïcité, certains discours d’extrême droite recyclent la peur de l’islam et des
banlieues pour bâtir un récit de guerre culturelle. Mais la réalité du
communautarisme français est bien plus complexe et ses angles morts, souvent
révélateurs.
Y-a-t-il besoin d’en dire plus ?
En
effet un grand tohu-bohu médiatique, pour cette hystérisation qui vingt ans après les émeutes de 2005, une certaine
presse d’extrême droite ressort la même grille de lecture : la France serait
“recolonisée” par ses anciens colonisés, transformée en mosaïque de “tribus”.
Sous une apparence d’analyse, ce discours rejoue les vieilles obsessions : la
peur du groupe, du clan, de l’étranger.
“Partout
où l’État recule, le clan avance”, écrit l’auteur de cette tribune
anxiogène.
Mais ce “clan” n’est pas une catégorie sociologique — c’est une
métaphore politique de l’ennemi intérieur.
Ce langage transforme des tensions sociales en
conflit civilisationnel pour
les milieux identitaires et les racistes de tous bords qui aboyaient fortement
comme des loulous, des individus atteints d’une islamophobie aiguée, que pour
en faire de l’immigration musulmane un ennemi au nom de la laïcité, dans un
climat anxiogène, nourri par des amalgames et des discours haineux. Les
mots ne décrivent plus : ils accusent. Ma présente tribune plaide pour une
lucidité sans haine, une République sans peur, et une laïcité fidèle à son sens
premier : l’unité dans la diversité.
Une fausse lucidité, un vrai
culturalisme
Le texte
attribue les violences et les fractures à un “tribalisme solidaire”
hérité du Maghreb.
Tout devient affaire de culture : pauvreté, chômage, défiance, délinquance.
Ce qui relève des politiques publiques et de l’histoire sociale se trouve
réduit à une essence ethnique.
Or, comme
l’ont montré des chercheurs tels que Didier Fassin, François Dubet ou Olivier
Roy, le communautarisme est souvent le symptôme d’une relégation, non la
cause d’un désordre. Ce que ces auteurs appellent “tribalisme” est en réalité
le produit d’une désaffiliation politique : l’État s’est retiré, la solidarité
locale a pris le relais.
Une France “recolonisée” ? Le
fantasme d’une inversion
Le récit du
“Républi-clanisme” inverse la mémoire coloniale : la France ne serait plus
coupable d’avoir dominé, mais victime d’être dominée.
Cette rhétorique inversée et victimaire légitime la peur identitaire
tout en effaçant la complexité des héritages migratoires.
Derrière la
peur du “tribalisme”, il y a souvent la peur de la mixité.
Et derrière la défense de la “République”, parfois, le refus du pluralisme.
Le deux poids deux mesures du
communautarisme
L’un des
biais majeurs de ce discours est sa sélectivité.
Il dénonce bruyamment le communautarisme musulman mais ignore d’autres réalités
pourtant bien présentes.
En France,
il existe des formes multiples de vie communautaire : juive, catholique, Certaines s’expriment à travers des écoles
confessionnelles, des associations religieuses ou des structures d’entraide. Elles
répondent à des besoins différents : transmission de la foi, préservation
culturelle, protection identitaire.
Le communautarisme
juif, par exemple, se manifeste souvent dans un réseau éducatif dense où la
transmission de la culture religieuse et linguistique occupe une place
centrale.
Cet attachement, tout à fait légitime, peut toutefois favoriser un certain
isolement éducatif et social.
La loi
française de 1905 n’a pas empêché les privilèges communautaires accordés aux
juifs et au Judaïsme comme religion reconnue, génératrice de communautarisme
juif, et le germe est là. (Ecoles privés juives subventionnées par l’État,
la cacherout alimentaire, les femmes de religion hébraïque ont bénéficié un
temps réservés à leur usage aux piscines, les demandes de dispenses à l’examen,
pour les jeunes accordées le samedi, jour du "chabbat",
siège du Consistoire "beth din", une cour d'arbitrage
rabbinique rendant ses jugements conformément à la "halakhah"
la Charia juive, un ensemble de règles qui régis la vie juive au quotidien.).
À l’inverse,
les écoles musulmanes, beaucoup moins nombreuses (une trentaine environ),
demeurent sous forte surveillance administrative et peinent à trouver
leur place.
Il
y a contradiction entre l’identité ethnique et la citoyenneté, ce qui est
refusé à d'autres, est tout simplement toléré pour les juifs et surtout dans
cette espèce d'engouement des milieux politiques et médiatiques pour tout ce
qui concerne les juifs ?
La
laïcité disposait en arrière-plan l’existence d’une communauté juive qui, de
fait, n’hésite pas à se dire, tout simplement, française. Là encore, on joue
avec les mots, on en emploie un pour un autre dans la volonté des Juifs de
vivre dans une communauté qui ne respecte pas et qui s’en foute royalement des
règles de la république, ce qui n’est le cas ni des musulmans ni des
catholiques attachés à leurs origines religieuses.
Ces
contrastes révèlent une réalité simple : la République accepte la pluralité,
mais n’assume pas toujours la symétrie.
Elle tolère certaines expressions communautaires, en suspecte d’autres —
souvent selon des critères politiques implicites.
La République trahie par ceux
qui prétendent la défendre
La laïcité
n’est pas l’arme d’un camp : elle est la règle commune.
Elle ne demande pas d’effacer les religions de l’espace public, mais d’empêcher
qu’elles dictent la loi collective.
Ceux qui
l’invoquent pour désigner un bouc émissaire en trahissent le sens.
Ils veulent imposer une laïcité d’exclusion, alors que la vraie laïcité
est une liberté partagée.
Défendre la
République, c’est refuser la hiérarchie entre les appartenances.
Ce n’est pas choisir entre catholiques, juifs ou musulmans : c’est refuser que
quiconque se sente étranger chez lui.
La République, ou le courage
de la nuance
Ceux qui
dénoncent les “tribus” fabriquent eux-mêmes une tribu : celle de la
peur.
Ils prétendent sauver la France, mais la réduisent à une identité figée.
Le véritable
enjeu n’est pas d’interdire les appartenances, mais d’empêcher qu’elles
deviennent des frontières. La République doit accepter les différences tout en
garantissant la loi commune. Elle doit oser dire qu’il y a plusieurs formes
de communautarisme, et que le problème n’est pas leur existence, mais leur
instrumentalisation politique.
La laïcité,
dans son sens le plus noble, ne combat pas la religion : elle combat le
privilège.
Et c’est bien ce combat pour l’égalité, non celui contre la diversité, qui
fonde notre pacte républicain.
Pourtant il
est toujours dit que la laïcité a donné naissance à la nécessité de faire place
à d’autres religions. Ce qui au départ était une bonne chose, Elle ne prévoit
pas la disparition des religions de l’espace publique mais organise la
neutralité religieuse de l’État, mais le judaïsme au réflexe communautariste a
humilié la Laïcité.
Ce qui est
moyenâgeux, c’est lorsque le fait communautaire implique un isolement dans des
modes de vie, un repli sur soi dans des relations sociales, à hurler en
permanence à l'antisémitisme, pour venir ensuite sangloter contre une certaine
exclusion, après avoir tout fait pour s'affirmer différent, relève alors de la
plus profonde hypocrisie, c'est à la fois dégueulasse et indigne, c’est dire
que le communautarisme juif en prenant son fantasme pour la réalité, ne cesse
de planifier de la revendication de droits religieux, des droits spécifiques
qui priment sur les droits sociétales de toute un pays afin de se
préserver de toute influence.
A/Kader
Tahri / Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. » https://kadertahri.blogspot.com/

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