L’Association
internationale des chercheurs sur le génocide vient de rendre un verdict sans
appel : Israël commet un génocide à Gaza. 86 % de ses membres, parmi les
plus grands spécialistes mondiaux, ont adopté une résolution affirmant que les
critères juridiques sont remplis. Pas une pétition militante. Pas une opinion
de circonstance. Mais une conclusion scientifique, juridique, documentée, qui
renvoie à la Convention de 1948 sur la prévention et la répression du crime de
génocide.
Que dit
cette Convention ? Qu’il y a génocide lorsqu’un groupe national, ethnique,
racial ou religieux est détruit « en tout ou en partie » par des actes tels que
: tuer ses membres, infliger des atteintes graves, imposer des conditions
d’existence menant à leur destruction, empêcher les naissances ou transférer
les enfants.
À Gaza, tout
est réuni. Les morts par dizaines de milliers. Les mutilés, les disparus, les
familles entières effacées. La famine organisée comme arme de guerre. Les
déplacements forcés. L’interdiction d’aide humanitaire. Les hôpitaux, les
écoles, les camps de réfugiés bombardés. Le génocide n’est pas une
exagération rhétorique : c’est une réalité, et Israël en porte la
responsabilité.
Le mensonge permanent
Face à cela,
Israël nie. Son ministère des Affaires étrangères dénonce une « honte », accuse
le Hamas de mensonges. Mais les faits sont implacables : plus de 63 000
morts palestiniens depuis octobre 2023, une bande de terre transformée en
ruines, une population privée d’eau, de nourriture, de soins, de refuge.
Chaque
génocide s’accompagne du déni. Chaque fois, les criminels se parent des mots de
« sécurité » et de « légitime défense ». Mais ce langage ne résiste pas aux
images, aux chiffres, aux témoignages.
Le 7 octobre : résistance et
déformation
On nous
répète sans cesse que tout a commencé le 7 octobre. C’est faux. Le 7 octobre
n’est pas le point de départ, mais une conséquence : celle de décennies
d’occupation, d’apartheid et de blocus.
En droit
international, un peuple colonisé a le droit de résister, y compris par la
lutte armée. Assimiler cette résistance à un « crime » équivalent au génocide,
c’est inverser les rôles : faire de l’occupé le coupable, et de l’occupant le
juge.
Les faits,
de plus, contredisent la propagande : les attaques du Hamas visaient
principalement des cibles militaires, et les otages étaient pour l’essentiel
des soldats ou d’anciens militaires. Mais peu importe : dans le récit dominant,
tout Palestinien qui résiste devient terroriste, quand tout Israélien armé
devient victime innocente.
La vérité
est simple :
criminaliser la résistance d’un peuple colonisé, tout en couvrant la
destruction systématique de ce peuple, c’est offrir une caution morale au
génocide.
Un gouvernement otage de
l’extrême droite
Et qui mène
aujourd’hui cette politique ? Un gouvernement israélien de coalition, dominé
par une poignée de députés extrémistes. Netanyahou, pour sauver sa carrière, a
offert un pouvoir démesuré à des figures marginales comme Orit Strook,
incarnation du sionisme religieux le plus radical. Ces individus, incapables de
franchir seuls le seuil électoral, imposent désormais à tout un État leur
projet messianique : effacer Gaza, coûte que coûte.
Voilà la
réalité : un gouvernement minoritaire, sans véritable mandat populaire,
entraîne une nation entière dans la guerre d’anéantissement.
Le double standard occidental
Pendant que
Gaza est écrasée, la Cisjordanie est livrée aux colons, qui multiplient les
attaques et les spoliations. Et l’Occident, prisonnier de son hypocrisie,
continue de répéter les slogans dictés par Tel-Aviv.
« Droit à la
défense ». « Lutte contre le terrorisme ». Ces formules creuses masquent
l’évidence : nous assistons à une destruction programmée, méthodique, assumée. Et
par nos silences, nos armes, nos vetos, nous sommes complices.
Redonner un sens aux mots
On dit
parfois que les mots « génocide » et « antisémitisme » ont perdu leur force à
force d’être instrumentalisés. Gaza leur rend aujourd’hui leur sens premier. Ce
n’est plus une métaphore, c’est un constat. Ce n’est plus un abus, c’est une
vérité.
Nommer Gaza,
c’est nommer un génocide. Refuser ce mot, c’est participer au mensonge.
Le choix devant l’Histoire
Désormais,
nul ne pourra dire : « Nous ne savions pas ». Les chercheurs l’ont établi, les
juristes l’ont écrit, les faits l’ont démontré. Gaza est le théâtre d’un
génocide.
Alors,
chacun doit choisir.
Se taire, et devenir complice.
Ou parler, et refuser d’être réduit à la honte.
L’Histoire
jugera les assassins. Mais elle jugera aussi ceux qui se sont tus.
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme
ça. »
https://kadertahri.blogspot.com/
IAGS Resolution on Gaza, August 2025
https://genocidescholars.org/wp-content/uploads/2025/08/IAGS-Resolution-on-Gaza-FINAL.pdf

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