Parfois, il m'est utile de le dire ?

Palestinocide !

 


Avant-propos  Il faut des mots justes pour briser le silence qui accompagnent le bruit des bombes qui construisent des cimetières pour enterrer des êtres dont le tort est de vivre dans leur terre. Des mots justes afin de dénoncer le cynisme et la perversion de ceux qui prétendent être l’incarnation du Bien tout en participant à la construction de ce cimetière. Ces mots justes ne doivent pas avoir peur d’être accusés de propager le Mal. Des mots qui éveillent les consciences pour combattre la barbarie qui règne au XXIe siècle.

Coupable d’être palestinien en terre de Palestine

Au cours d’une audience d’un procès fictif au sein d’un tribunal Israélien :

Sans perdre de temps, le juge ordonne à l’accusé de se lever. Ce dernier exécute l’ordre sans aucune hésitation.

Monsieur Khalil al-Wazir, vous êtes accusé des faits suivantsLe 7 octobre 2023, environ 1219 soldats et habitants de colonies qui faisaient la fête paisiblement ont été assassinés par vous et des complices. Vous êtes accusé d’avoir pris en otage 252 personnes innocentes. On vous accuse également d’avoir décapité des bébés.

Plaidez-vous coupable d’avoir commis ces actes ?

– L’accusé : Monsieur le juge, j’ai attaqué une caserne et une colonie. J’ai tué des soldats et des colons et fait prisonnier des colons. Mais je n’ai décapité aucun bébé car je ne suis pas un barbare. Et la terre où se trouve la colonie que j’ai attaquée m’appartient. Quant à mes ancêtres, ils ont été chassés de Haïfa et d’autres régions palestiniennes. À Gaza, je vivais en tant que réfugié dans une prison à ciel ouvert.

Cette vie était pour moi et mes compatriotes qu’un moment difficile à supporter parce que nous portons le lourd fardeau de l’espoir pour nos enfants de refouler un jour notre terre. Et puisque vous représentez la justice, qu’il me soit permis de vous rappeler que le Droit nous autorise à retourner sur cette terre.

Cette terre a été occupée par des étrangers après avoir commis un nettoyage ethnique. Ce nettoyage continue au nom d’un Dieu qui n’est pas le mien. Cette prison est devenue un cimetière construit avec les décombres de nos maisons où sont ensevelis les cadavres d’hommes et de femmes serrant leurs bébés contre leurs poitrines. En plus des bombes, l’Élu utilise la famine pour nous obliger à prendre le chemin de l’exode. Il nous propose la terre éthiopienne, libyenne… comme nouveau refuge.

Monsieur le juge, il me semble superflu de souligner que les organisations internationales qui dictent le droit et la justice sont virtuellement enterrées dans ces décombres.

– Le Juge : Je comprends pourquoi vous ne voulez pas être défendu par un avocat. Mais revenons au 7 octobre, vous confondez otage avec prisonnier ?

– L’accusé : Monsieur le juge, pour moi et mes compatriotes, le présent porte le fardeau du passé. Ce 7 octobre est le fruit amer du passé présent. Concernant la prétendue confusion des mots, ce n’est qu’un jeu de mots. Le colonisateur emprisonne le résistant qui, s’il est en liberté, prend en otage, selon le vocabulaire du dit colonisateur. Mais le prisonnier et l’otage vivent dans les mêmes conditions.

Concernant ma défense, il ne faut pas oublier que les différents avocats à qui on a cru, nous ont abandonné dans l’impasse Oslo1. Sans vous manquer de respect, monsieur le juge, ignorez-vous le fusil et le rameau d’olivier ?

Je cite un de nos grand résistant déclarant à l’ONU en 1974 : «je suis venu porteur d’un rameau d’olivier et d’un fusil de révolutionnaire, ne laissez pas tomber le rameau de ma main».

Et ceux qui prétendent défendre les droits de l’homme et la justice aident celui qui veut nettoyer ma terre de toute présence du mot Palestine. Pour préserver leurs immenses pouvoirs, ils desservent la vérité. Ils font semblant de croire qu’on peut incarner le bien tout en aidant le mal.

C’est pour cela qu’ils s’agitent. En effet, ils sont conscients qu’«il est meilleur pour un homme suspect de s’agiter que de se reposer, car celui qui se repose risque toujours sans le savoir de se retrouver sur l’un des plateaux et d’être pesé dans la balance avec le poids de ses péchés».  Quant à moi, Monsieur le juge, je ne m’agite pas : je résiste contre l’injustice qui a fait de mes compatriotes des êtres à bannir de leur terre, sans autre forme de procès.

Soudain un brouhaha imperceptible envahit la salle réveillant le juge qui somnolait.

– Le juge : Silence, on n’est pas dans un souk mais dans une salle d’audience !

Monsieur Khalil al-Wazir, vous avez terminé ?

– L’accusé : Non monsieur le juge. Je tiens à remercier tous les êtres humains qui dénoncent l’injustice que subit mon peuple. Et c’est leur manquer de respect que de les remercier car ils ne font qu’obéir à leurs consciences. La raison les guide vers la justice.

Quant au silence des dirigeants arabes, il signifie que ces derniers sont bien «normalisés». D’autres diront, soumis.

Enfin pour terminer, je souhaite enrichir le vocabulaire de ceux qui savent tout sur tout, tout en ignorant que la vérité est simple à exprimer quand elle est guidée par la raison. Puisque certains mots comme génocide sont sujet de polémique, pour qualifier la tragédie que vit mon peuple, je propose le terme de Palestinocide.

Palestinocide : effacer toute trace de ce qui témoigne de l’existence du palestinien en terre de Palestine. C’est pour cette raison que mes frères et sœurs qui vivent sous la tutelle de l’Élu portent le qualificatif arabe et non palestinien.

Monsieur le Juge, je vous remercie pour votre patience.

Après le réquisitoire, le jury se retire pour délibérer. Après quelques instants, dans la salle où le jury s’est retiré, des insultes fusent accompagnées de bruits de chaises qui se cognent et de vitres brisées.

Source/Palestinocide/ Mohamed El Bachir/reseauinternational.net/palestinocide/

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Note et avis personnel :

Palestinocide. Ce néologisme, qu’on pourrait lire comme un cri de douleur et de colère, veut désigner la volonté d’effacer toute présence, toute mémoire, toute trace de l’identité palestinienne sur sa propre terre par une  souffrance collective qui ne trouve plus d’espace pour être dite autrement et où le silence est complice. À travers « Palestinocide ou Gazanocide!!!!! », ce n’est pas seulement la situation à Gaza qui est mise en accusation, mais la faillite morale d’un système international qui a abandonné toute prétention d’universalité. Le mot « “Palestinocide »” ou « Gazanocide » qu’il plaise ou non, vient combler le vide laissé par les discours officiels. Et dans un monde où les mots tuent ou sauvent, nommer, c’est déjà résister à cette réalité niée.

Kader Tahri

https://kadertahri.blogspot.com/

 

 


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