Ce qui s’est joué lundi à Washington n’était pas une avancée diplomatique, mais une mise en scène obscène. Donald Trump et Benjamin Netanyahou ont dévoilé un prétendu « plan de paix » en 20 points pour Gaza. En réalité, ce n’est rien d’autre qu’un écran de fumée pour prolonger un génocide, couvrir des crimes de guerre et détourner l’attention de l’opinion internationale.
Bien sûr,
les conditions qu’il propose ressemblent parfois à des capitulations déguisées.
Et derrière la scène, la guerre n’est jamais loin, prête à remonter sur les
planches si l’accord échoue. Mais au moins, il y a ce geste : forcer la paix à
s’énoncer, même si ce n’est encore qu’un rôle imposé. Peut-être qu’un jour, ce
rôle deviendra une habitude, puis une obligation, et qui sait, une réalité.
Entre guerre
et paix, Trump choisit la dramaturgie. Et peut-être, paradoxalement, que cette
dramaturgie est l’un des rares chemins encore ouverts pour rappeler à
l’humanité que la paix ne naît pas seulement dans le secret des négociations,
mais parfois aussi dans la lumière crue d’un spectacle.
Un plan creux, une mascarade
sanglante
Les cartes
bricolées à la va-vite, les promesses vagues d’autodétermination conditionnée,
l’absence totale de calendrier : ce plan n’est qu’un simulacre. Derrière les
grands mots, il n’offre aucune garantie réelle ni pour la sécurité des civils
israéliens, ni pour les droits fondamentaux du peuple palestinien.
Il ne s’agit
pas d’un processus de paix, mais d’une opération de communication destinée à
sauver Trump à l’approche de la présidentielle américaine et à offrir à
Netanyahou un nouveau répit face à la contestation de sa coalition. Pendant
qu’ils sourient devant les caméras, les bombes continuent de s’abattre sur
Gaza, les hôpitaux sont détruits, les enfants meurent de faim et de blessures
non soignées.
« … Selon
le plan de Trump, Israël devrait de son côté retirer progressivement ses forces
de la bande de Gaza … »
Si Israël se
retirait rapidement de Gaza, ce plan aurait une chance de marcher; le Hamas
accepterait les conditions et libérerait les otages, mais on sait très bien
qu’Israël ne sortira JAMAIS tout son monde de Gaza; un petit nombre peut-être,
mais au complet, oublier ça.
Effectivement,
ce plan va être rejeté; le Hamas va sans doute faire une contre-offre qu’Israël
va refuser et la guerre va se poursuivre.
Tout cela
est une opération de marketing pour bien faire paraître Donald Trump grand
artisan de la paix et Benjamin Netanyahou, tout en rejetant le blâme sur
le Hamas pour refuser tout compromis.
Netanyahou, artisan du
nettoyage ethnique
Depuis le 7
octobre 2023, Netanyahou n’a cessé de saboter les cessez-le-feu et de prolonger
délibérément la guerre. Chaque otage mort, chaque enfant enseveli sous les
décombres, chaque village palestinien rasé sont les preuves de sa stratégie
criminelle. Il instrumentalise la douleur de son propre peuple pour servir son
seul objectif : se maintenir au pouvoir, au prix du sang versé.
Ce n’est pas
une guerre de défense : c’est une guerre d’extermination. Ce qui se joue à Gaza
est un nettoyage ethnique systématique, orchestré par un Premier ministre
corrompu, appuyé par des ministres suprémacistes et encouragé par l’impunité
que lui garantit Washington.
Les Palestiniens exclus,
encore une fois
La plus
grande obscénité de ce « plan de paix » est qu’il se discute sans les
Palestiniens. Comme toujours, on prétend décider de leur avenir en leur
absence. On exige du Hamas un désarmement total, mais on ne dit rien de
l’occupation, des colonies, de l’apartheid quotidien que subit la population de
Cisjordanie et de Gaza.
Parler de
paix tout en maintenant l’armée israélienne à Gaza, tout en refusant la
reconnaissance d’un État palestinien, tout en poursuivant les massacres, c’est
insulter la mémoire des victimes et nier la dignité d’un peuple entier.
Le cynisme à visage découvert
Ce plan
n’est pas seulement inutile, il est criminel. Il légitime la poursuite du bain
de sang. Il offre à Netanyahou la couverture nécessaire pour continuer les
bombardements, les expropriations, les assassinats ciblés. Il permet à Trump de
se poser en faiseur de paix alors qu’il cautionne un génocide.
Les images
des ruines de Gaza, les fosses communes improvisées, les cris des familles en
deuil sont les véritables réponses à ce plan. Ce que Trump et Netanyahou ont
vendu au monde n’est pas la paix, mais la prolongation d’une politique de mort. Peu importe les solutions proposées,
elles seront toujours rejetées par l’un ou l’autre car ce qui est acceptable
pour l’un est inadmissible pour l’autre…
Pour une justice véritable
Il est temps
de dire les choses sans détour : Netanyahou doit rendre des comptes devant la
Cour pénale internationale pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et
génocide. Ses alliés qui cautionnent ce carnage doivent également être jugés.
La paix ne
viendra pas de Washington ni de Tel-Aviv, mais de la lutte des peuples et de la
pression internationale. Elle passera par :
- la fin immédiate du siège et
des bombardements de Gaza ;
- la libération des prisonniers
politiques, dont Marwan Barghouti ;
- la reconnaissance pleine et
entière de l’État palestinien ;
- des sanctions internationales
contre Israël tant que se poursuivent l’occupation et le nettoyage
ethnique.
Conclusion : stopper la
machine de mort
Espérons que
ce chapitre répugnant de l’histoire humaine prenne fin. Ce serait un pas de
plus si cet homme était empaqueté et envoyé à La Haye. Après deux ans coincé
dans les cimetières – un « spectacle » pour les caméras de la Maison Blanche,
programmé uniquement pour une campagne électorale politique – Netanyahou
continue de se montrer avec un sourire devant les caméras, racontant comment il
a assassiné, purgé et éliminé comme un tueur en série fier de ses crimes.
Ce spectacle
macabre, où le meurtre devient stratégie électorale, est une honte absolue. Les
services de sécurité doivent arrêter Netanyahou immédiatement pour stopper la
torture des Israéliens kidnappés et empêcher un nouveau bain de sang. Ils
doivent aussi mettre fin aux manœuvres de ses conseillers électoraux qui
transforment la guerre en outil de propagande et utilisent le sang versé pour
nourrir une atmosphère de haine et de terreur.
Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient
comme ça. »



