Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

Rappeler Gaza à la conscience

Tandis que la guerre de Gaza s’enlise dans la destruction et l’impunité, certains discours prétendument « critiques » d’Israël continuent de centrer toute l’analyse sur les états d’âme de Tel-Aviv et de Washington. Sous couvert de lucidité politique, ils relèguent les Palestiniens au silence, transformant leur agonie en simple décor d’une tragédie israélo-américaine.
Cet article démonte la mécanique rhétorique d’un texte publié sur un site israélien, un condensé de mépris, de cynisme et d’aveuglement et dénonce l’indécence d’une parole publique qui instrumentalise la douleur des uns pour effacer celle des autres.

Un texte qui parle de Gaza sans jamais parler des Gazaouis

« Il n’y a pas de guerre juste quand la compassion est sélective. Quand les morts de l’un deviennent l’excuse pour ignorer les morts de l’autre, il ne reste plus de morale, seulement le vacarme des bombes et le silence des consciences


L’article initial se présente comme une analyse politique sérieuse sur l’accord de Trump et la fin supposée du conflit. En réalité, il ne parle pas de Gaza, mais d’Israël.
Les Palestiniens n’existent que comme décor ou menace : « le Hamas », « la population de Gaza », « les hostilités ». Aucun visage, aucun nom, aucun cri.

Mais même lorsqu’il se veut critique, ce discours ne quitte jamais le centre gravitationnel d’Israël.
Il se regarde parler de lui-même, fasciné par ses propres fractures : Netanyahou contre ses ministres, les “faucons” contre les “modérés”, les “serfs” du pouvoir contre les “lucides” de la société civile. Tout y est question d’Israël, de son âme, de sa survie, de sa morale — jamais des Palestiniens comme peuple à part entière, encore moins comme sujet politique légitime.
Les Gazaouis n’existent qu’à travers la lentille de ce narcissisme national : objets de sécurité, variables de négociation, menaces démographiques ou dommages collatéraux.

Israël inventera un prétexte pour rompre le cessez-le-feu… Israël pense que les Arabes ont suffisamment de territoire.”

cette phrase, apparemment lucide, illustre la contradiction morale du texte : elle reconnaît le projet d’expansion coloniale sans jamais le ressentir comme une injustice humaine.
C’est une lucidité sans compassion — un savoir froid, sans responsabilité.
Le narrateur voit le mal, mais il ne le pleure pas. Il décrit la mécanique du pouvoir israélien avec cynisme, sans jamais regarder les visages qu’elle broie.
Ainsi, même la critique se fait dans le langage du dominant : on dénonce la folie stratégique de Netanyahou, mais non la tragédie humaine de Gaza.
C’est la limite tragique d’une parole qui se veut morale mais qui reste enfermée dans le miroir de sa propre nation : une conscience sans altérité.

La douleur d’un peuple transformée en bouclier moral

Les commentaires publiés sous l’article dévoilent un ressort émotionnel plus profond : la monopolisation de la souffrance.
Les crimes du 7 octobre  supposés réels, atroces, inacceptables  deviennent un capital moral absolu, utilisé pour neutraliser toute critique du massacre de Gaza.

Vous pensez que le Hamas est une bande de combattants de la liberté…”

La phrase résume une logique implacable : qui pleure Gaza est complice du terrorisme.
Dans cette rhétorique, la compassion devient suspecte. L’empathie se transforme en trahison.
Le deuil israélien, légitime et nécessaire, se mue ainsi en arme discursive. On ne le partage plus : on l’impose. Et quiconque rappelle qu’à Gaza aussi, des enfants meurent, est accusé d’insensibilité ou d’hostilité.
C’est le triomphe d’une morale sélective, où l’émotion ne guérit plus, mais tue une seconde fois par effacement.

Quand le cynisme politique remplace la compassion

Les passages sur Trump, Netanyahou et Kushner ajoutent à cette indécence : au milieu du sang et des ruines, le texte disserte sur les rivalités d’influence, sur les manœuvres immobilières à Gaza, sur les ambitions électorales américaines.
Cette juxtaposition du drame et du calcul — des morts d’enfants face à des spéculations immobilières — révèle le stade ultime de la déshumanisation : le commerce de la guerre devient plus concret que ses victimes.
L’émotion est remplacée par la stratégie, la honte par la realpolitik.
Ce cynisme n’est pas seulement choquant : il est dangereux. Car il prépare l’opinion à accepter la barbarie comme une fatalité, et l’injustice comme un prix nécessaire.

Trump va doucement comprendre ce que la planète sait déjà depuis longtemps : dans la mesure ou l'objectif d'Israël n'est pas de vivre en paix à côté de la Palestine mais bien d'effacer la Palestine, toute recherche de paix sincère reviens à tordre le bras d'Israël. Bien entendu Bibi n'à que faire des otages mais cela tout le monde le sait : on ne bombarde pas ses otages quand on veut les récupérer en vie.

Le silence comme arme : effacer Gaza du langage

L’une des violences les plus profondes de ce texte, et de tant d’autres, réside dans le choix des mots.
“Opérations”, “cesser-le-feu”, “accord”, “réaménagement”… autant de termes neutres, aseptisés, qui dissimulent des massacres. Ce langage bureaucratique de la guerre ne décrit pas : il anesthésie.
En niant la dimension humaine du désastre, il rend le monde complice du silence.
Chaque mot mal choisi devient un écran entre la réalité et notre conscience.
C’est ainsi que l’on fabrique l’indifférence : non pas en niant la mort, mais en la rendant abstraite.

Conclusion – Pour une morale sans frontières

Instrumentaliser la souffrance israélienne pour effacer celle de Gaza, c’est commettre une double trahison : envers les victimes israéliennes, dont la mémoire est utilisée comme alibi et envers les victimes palestiniennes, condamnées à mourir deux fois sous les bombes, puis dans l’oubli.

les otages ont pu vivre la vie des Palestiniens pendant quelques mois... ils pourront témoigner des atrocités qu'ils ont subies de l'armée israélienne qui a essayé par tous les moyens de les assassiner et de les supprimer, en ayant aucune pitié pour leurs propres ressortissants. Une partie des otages libérés au début avaient d'ailleurs commencé à presque tresser des louanges à leurs geôliers, les prenant mêmes dans leurs brais en partant!

On se souvient des images qu'Israël ne voulait surtout pas qu'on voie. Comme quoi...

Game Over pour Israël dans cette guerre: la terre entière a pu voir tous les crimes qu'ils commettent, et ils n'ont aucune victoire militaire sur 7 fronts où ils se sont pris à chaque fois une défaite, avec des milliers de soldats neutralisés facilement. Que des meurtres de civils innocents, personne n'écoute plus leurs arguments.

Aucune paix ne peut naître d’une telle asymétrie morale.
Aucune réconciliation n’est possible tant que la compassion restera sélective.
Pleurer les uns n’exige pas d’oublier les autres.
Car si l’humanité doit encore signifier quelque chose, c’est dans la capacité de regarder la souffrance sans lui donner de drapeau.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 

 

 

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