Parfois il m'est utile de le dire !

                                                                                                          Oh! Colombe, transmets mon salut d...

La guerre comme morale.

 


Ainsi commence l’un de ces textes qui, sous prétexte de lucidité géopolitique, déroulent un imaginaire martial, viriliste et désespérément réactionnaire. J’ai lu ce texte. Je l’ai relu. Et j’ai voulu y répondre. Non pas pour défendre une quelconque naïveté pacifiste, mais parce que ce genre de rhétorique, de plus en plus banalisée, me semble être une véritable perversion morale, bien plus inquiétante que les maux qu’elle prétend combattre.

L’auteur y déplore que les Israéliens, le 7 octobre, aient été  amoindris. Non préparés. Trop insouciants, trop dansants, pas assez armés. Il suggère que leur légèreté était une faute, presque une trahison. Comme si vivre, aimer, danser, c’était déjà renoncer à se défendre.

Le mythe du citoyen-guerrier : Cette manière d’inverser les responsabilités est glaçante. Les victimes deviennent fautives. On leur reproche de ne pas avoir prévu l’horreur. Comme si, dans un État militarisé, sécuritaire, ultra surveillé, c’était le pacifisme qui avait failli. Non, ce n’est pas la joie de vivre qui tue. Ce sont ceux qui choisissent de tuer.

Mais c qui me frappe surtout, c’est le tournant idéologique du texte. Le 7 octobre n’est pas analysé comme un acte terroriste isolé ou comme une défaillance de l’État israélien. Non, il devient le symptôme d’une maladie occidentale : trop féminisée, trop pacifiste, trop à gauche.

On croirait lire un manuel de guerre culturelle : la paix serait une illusion, la féminisation un poison, la gauche un danger. C’est un fantasme de virilisation généralisée, une nostalgie réactionnaire d’un monde où la loi du plus fort serait enfin restaurée. L’ennemi, ce n’est plus seulement le Hamas : c’est la démocratie molle, l’égalitarisme, l’utopie humaniste.

La guerre comme horizon politique Je ne suis pas naïf. Je sais que la guerre existe. Je sais qu’il faut parfois se défendre, résister, protéger une population civile épuisée par un conflit auquel elle n’a pas choisi de participer, tant elle n’aspire qu’à la paix et au bien-être de ses frères et sœurs. Il suffirait donc que ces derniers, à la supériorité numérique écrasante. Mais entre la légitime défense et l’érection d’un dogme de la force armée, il y a un gouffre.

 Parait-il que d’un côté il ne reste qu’une poignée de terroristes du Hamas, apeurés et impuissants, et de l’autre, une population civile épuisée par un conflit auquel elle n’a pas choisi de participer, tant elle n’aspire qu’à la paix et au bien-être de ses frères et sœurs. Il suffirait donc que ces derniers, à la supériorité numérique écrasante

Refuser la guerre comme valeur n’est pas un signe de faiblesse. C’est un choix politique. Une éthique. Un pari sur la possibilité d’un autre monde. Même face au chaos, je persiste à croire que la force brute n’est pas la seule réponse. Que la paix n’est pas une utopie de ramollis, mais le courage de ceux qui refusent de s’habituer au pire.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

 

 


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