Parfois, il m'est utile de le dire ?

  L'idée de ce travail est née de la lecture des échanges sur des forums, lors de dialogues entre musulmans et chrétiens. Ces échanges s...

Reconnaître la Palestine : un choix politique, pas une trahison

 

"ll n’y a rien de plus précieux pour l’Homme que la dignité de se tenir debout sur la terre dans laquelle plongent ses racines"   Le ministre Barrot a tenu des propos identitaires :

La critique de l’entité sioniste d’Israël et ses consorts en France repose sur l’accusation la plus grave : en annonçant une reconnaissance prochaine de l’État palestinien, la France « donne raison à la stratégie terroriste du Hamas ». Cette réaction, là encore, repose sur un amalgame inacceptable.

La reconnaissance d’un État palestinien n’équivaut pas à un soutien au Hamas. C’est au contraire une position défendue de longue date par une majorité de la communauté internationale, y compris dans le cadre du processus d’Oslo ou des résolutions de l’ONU. L’objectif est de créer les conditions d’un règlement durable fondé sur la coexistence de deux États. Cela suppose de reconnaître le droit des Palestiniens à exister politiquement.

Faire croire que cette reconnaissance serait une récompense du terrorisme est une manière de nier à un peuple entier son existence politique. Cela revient à enterrer tout espoir de paix, à décréter que seuls les rapports de force armés peuvent dicter l’avenir du Proche-Orient. C’est aussi une injustice faite aux très nombreux Palestiniens qui rejettent le fanatisme et aspirent simplement à la dignité, à la sécurité et à la liberté.

La critique reproche ensuite à la France son « bellicisme surjoué » envers la Russie, tout en l’accusant de « vils accommodements » avec l’« islam conquérant ». Cette comparaison est non seulement absurde, mais dangereusement relativiste.

Enfin, vient le cœur idéologique de l’attaque : la reconnaissance de l’État palestinien. Pour ses détracteurs, c’est une reddition. Une trahison d’Israël. Un cadeau fait au Hamas. Là encore, l’amalgame est grossier, et volontaire.

Reconnaître l’État palestinien, ce n’est pas justifier les crimes du Hamas. C’est affirmer que la paix ne pourra venir que de deux souverainetés : celle d’Israël, et celle d’un futur État palestinien. Ce n’est pas une position « islamo-gauchiste ». C’est la ligne de la diplomatie française depuis des décennies. C’est aussi celle de plusieurs partenaires européens, et même de nombreux Israéliens.

Ce n’est pas la France que félicite le Hamas qui reste quoi quand puisse le dire, un mouvement de résistance à une colonisation, mais la perspective d’un règlement politique qu’elle tente de récupérer. Mais faut-il renoncer à la paix parce que des terroristes la manipulent ? Faut-il abandonner tout espoir diplomatique pour plaire aux va-t-en-guerre de tous bords ? Ce serait céder à leur logique. Et cela, la France pour tous ses défauts ne le fait pas.

La France mérite mieux que la haine, sa politique intérieure est critiquable. Sa gestion de la crise sociale a été brutale. Sa communication, souvent arrogante. Mais ce n’est pas une raison pour céder aux raccourcis idéologiques les plus nauséabonds. La position des sionistes de France n’est pas un acte de critique politique. C’est un tract. Un manifeste contre le dialogue, contre la paix, contre l’universalisme.

La France est une puissance fragile, certes.  Elle essaie encore de parler à tous les camps, de construire des ponts, de négocier, de faire entendre une voix singulière, indépendante. Ce n’est pas une honte. C’est un honneur.

Israël rejette les fondements mêmes de la diplomatie française : le dialogue, la médiation, l’universalisme républicain, la recherche de paix. Il remplace le débat par la diatribe, les faits par les fantasmes, et la nuance par la polarisation. Mais encore faut-il le faire sur la base de faits, avec honnêteté intellectuelle. Israël en prétendant faire honte à la France, ne fait en réalité qu’exprimer une vision honteusement partisane, où le rejet de l’autre tient lieu de vision du monde.

Dans une époque où les conflits, les replis identitaires et les extrémismes de tous bords gagnent du terrain, la responsabilité des intellectuels, des journalistes et des citoyens est de ne pas attiser les feux de la haine. La France a eu le courage de désobéir aux silences complices car la Palestine a besoin de lucidité, pas de ressentiment ; de courage diplomatique, pas de caricatures idéologiques.

Kader Tahri                                                                                                                                                              Chroniqueur engagé, observateur inquiet                                                                                                     « Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

https://kadertahri.blogspot.com/

 


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